New
Benelli TRK 702 - © A2 Riders
Test
0

Test Benelli TRK 702 : plus c’est gros, mieux c’est ?

La Benelli TRK 502 a été un gros succès en Italie, meilleure vente pendant 4 ans. Attendu depuis un long moment, le nouveau trail TRK 702 a pour mission de faire mieux. Benelli grossit sa cylindrée pour monter en puissance. Suffisant pour s’imposer comme le futur meilleur trail accessible aux permis A2 ?

Ce qu’il faut retenir :

  • Benelli est une marque Sino-italienne, avec un centre de design basé à Pesaro, en Italie.
  • Produite en Chine par QJ Motors
  • Moteur bicylindre en ligne de 698 cm³ et 70 ch
  • Fourche inversée Ø50mm – Débattement 145,5 mm
  • Freinage avant Double disques Ø320mm avec étriers flottants à 2 pistons et ABS
  • Poids : 244 kg tous pleins faits
  • Prix : 7 699 € – 7 999 € pour la version X
  • Pour qui ? Les voyageurs à la cool

Équipements du pilote (1m85 / – kg) :

Ain’t no mountain high enough ?

Benelli TRK 702 - © A2 Riders

Bienvenue en Haute Vallée d’Aoste, à l’ombre du Mont Blanc, coté Italien. Plus intimiste, mais tout aussi chic que le versant français, offre un paysage théâtrale dont la scène est faite d’une langue de bitume tortueuse. Un petit paradis pour motard voyageur en goguette qui a pour monture un trail. C’est le rôle qu’incarne la Benelli TRK 702. TRK, est une vague évocation phonétique du mot trek qui fait allusion à une longue randonnée. Parfait pour notre essai, non ? D’ailleurs, pour son interprétation dans la catégorie trail petit budget pour grand rouleur, le TRK 502 a remporté plusieurs récompenses en squattant le top des charts italiens pendant quatre ans. Pas mal pour une moto entrée de gamme venue de Chine !

Le TRK 502, plus gros, « plus mieux » ?

Benelli TRK 702 - © A2 Riders

Mais le petit trail vaillant, avait un gros défaut, un moteur anémique ou presque. Benelli et la maison mère Qianjiang Motorcycle voulaient remédier à cela en faisant prendre du muscle à leur acteur principal. Un peu comme Daniel Craig qui débarque dans le costume de James Bond. Longtemps annoncé, maintes fois repoussé, le TRK version 702 finit par sortir de la salle de musculation avec une cylindrée à 698 cm3, prêt à enfiler le costume du héros. Un petit relooking pour rajeunir et donner du sex-appeal à la bécane, et voici Benelli avec son nouveau 007. Mieux, le trail se décline en version routière avec roues de 17 pouces et pneus Pirelli Angel GT, et version 702 X, plus typé tout chemin, avec une roue de 19 pouces et des pneus mixtes. Les différences sont minimes et nous nous concentrerons sur la première. 

Le TRK 702 se retrouve avec un charme certain, en tout cas une présence. Que l’on apprécie, ou pas, les lignes complexes et torturées qui rappellent celles d’une Ducati Multistrada, il faut reconnaitre que ce restylage rend la moto plus dynamique que la version précédente grâce à des proportions mieux maitrisées qui donnent une allure moins pataude. La petite équipe de design Pesaro a travaillé dur pour donner un caractère dynamique à son nouveau personnage. D’ailleurs les boss de QJ cherchent à les mettre en valeur le plus possible, et pas seulement pour jouer les stylistes italiens par procuration. 

Mais Daniel Craig, malgré son look, n’est pas là pour jouer les espions de haut vol dans un univers luxueux. Non, ce trail reste un outil d’évasion à petit budget pour col bleu et néo-motards en mal de roadtrip. Quelques détails chatouillent la rétine, comme une visserie un peu grossière ou quelques plastiques. Mais dans l’ensemble, la qualité de finition est là, et la moto est bien assemblée. Pas le temps de jouer avec le grand écran TFT pour le connecté au téléphone. Tant pis pour la gestion des appels, ou la navigation qui s’affiche via l’application Benelli, on ne pourra qu’attester de sa bonne lisibilité, avec des informations bien hiérarchisées et qui vont à l’essentiel grâce à un affichage épuré. De toute façon, ici, pas de modes de conduite ou d’assistances électroniques en dehors de l’ABS, donc pas de menus compliqués. 

Le même, pour le meilleur et le pire

Benelli TRK 702 - © A2 Riders

La balade commence et rapidement, je me rend compte que je me suis trompé de film. Je me retrouve dans Cliffhanger, avec Sylvester Stallone en train de lutter pour gravir les montagnes escarpées. Dès les premiers mètres, la route grimpe. À peine le temps de régler les rétro, qu’il faut jouer du sélecteur de vitesse. Est-ce la chaleur qui me fait perdre mes moyens ? Je n’arrive pas à trouver le bon régime moteur car le bicylindre de 698 cm3 ne semble pas à son aise. Je passe un rapport, et la moto semble s’étouffer dans sa propre toux à basse vitesse. Les premiers lacets, vont achever une première analyse abrupte. Je me retrouve à devoir ressortir des épingles en première, ou en seconde en jouant de l’embrayage pour m’en extraire sans caler au milieu, mais surtout sans dynamisme. Serait-ce l’altitude et le manque d’oxygène qui prive Sylvester de ses muscles ?

Pourtant, le moteur est « nouveau », en tout cas c’est une nouvelle interprétation du bicylindre parallèle qui semble très proche de celui que l’on trouve chez Kawasaki. Sur la Versys c’est plutôt un moulin pétillant et volontaire, bien qu’un peu capricieux à bas régime. Ici le trait de caractère semble grossit par un mauvais jeu d’acteur grimaçant à la Stallone. La fiche technique annonce bien 70 ch à 8000 tr/min et 70 Nm de couple à 6000 tr/min mais Sly ne parvient pas à tracter ses 233 kg. Petit bras ! 

Tout au long de la balade de Courmayeur, au col du Petit-Saint-Bernard, la réponse à la poignée est précise mais les accélérations sont très linéaires, avec un moteur creux dans les bas régimes, se réveillant au dessus de 4500 tr/min, mais très vite il semble s’étrangler au moment de déclamer son texte avec force, avant de stopper son effort rapidement, faute d’allonge. On attend de l’action, mais Stallone préfère l’introspection pendant la scène de grimpette. Il faut jouer de la boite de vitesse en permanence pour rester accrocher à la paroi, heureusement celle-ci est précise et fluide, assisté par un embrayage anti-dribble léger et agréable, confirmant les progrès de QJ Moto sur la production. Et dans ce contexte, l’absence d’électronique comme l’anti-patinage ne pose finalement aucun problème. 

Moto pour voyager, loin, mais pas vite

Benelli TRK 702 - © A2 Riders

Le journaliste essayeur culpabilise un peu, peut-être joue-t-il trop les gros bras au guidon et en cherchant à jouer les Rocky, il ne fait que mal interpréter le scénario imposé. Pourtant, c’était l’objectif de Benelli annoncé dans le synopsis et la bande-annonce : donner plus de « punch » à sa grande voyageuse. Non, décidément, les routes de la vallée d’Aoste n’étaient pas le meilleur décor pour faire briller ce TRK 702 et le voilà pris à son propre piège de glace. Ce trail n’est pas taillé pour les scènes d’action, mais pour les voyages à la cool où le pilote se laissera le temps de savourer les paysages sans forcer le rythme. Là, le moteur se laisse faire en douceur et vous enveloppera dans la sonorité discrète, mais chaleureuse de l’échappement. Flegmatique, sans être le meilleur, un peu comme un James Bond façon Roger Moore. Dommage, de nos jours tout le monde veut un Daniel Craig calé à 270° comme un moteur CP2 de MT-07.

Mais tout le film n’est pas à jeter, loin delà ! Certains passages sont bien maitrisés par Benelli, notamment les douces scènes romantiques. Le TRK 702 a conservé les qualité de la version 502, avec le même châssis, le même cadre treillis tubulaire éprouvé mais un nouveau vrai oscillant et de nouvelles roues. La moto se place aisément en virage, au regard, facilement manoeuvrable avec son grand guidon et les changements d’angles se font sans forcer, la version de base avec sa roue de 17 pouces est logiquement un peu plus vive, mais la version « X » ne pâtit pas de sa jante de 19 pouces, voir même y trouve une meilleure cohérence de comportement. Dans l’ensemble, le poids élevé de 233 kg ne se fait pas ressentir et dans les grandes courbes, la moto est stable.

À l’arrêt, le grand guidon, et les pieds qui touchent facilement le sol grâce à une hauteur de selle à seulement 790 mm, permettront de compenser le poids, d’éviter certaines frayeurs sur les demi-tours en pente. À ce moment du film, la scène contemplative en haut du Petit-Saint-Bernard permet d’apprécier les qualités de la voyageuse. C’est confortable, la protection est bonne derrière les grands carénages, même si la bulle est un peu courte. Moins engoncé derrière le réservoir que sur le TRK 502, on se trouve plus mobile sur la moto, avec de la place et une position décontractée. Les suspensions fournies par Marzocchi sont orientées confort. Si ça fait rutilant sur la fiche technique, elles ne proposent que du ressort et manquent d’hydraulique et ça rebondit sur les moindres aspérités lorsqu’on roule avec du rythme. Finalement, Stallone qui vous regarde avec ses yeux de Saint-Bernard, ce n’est pas si mal si l’on aime les scènes lentes.

La version TRK 702 X pour le look, mais pas que

Benelli TRK 702 - © A2 Riders

Mais voilà, le public aime la bagarre et l’action et le tempo de notre balade finit par augmenter. Les gros bras essayeurs se remettent à bastonner dans les virages et le pilotage nerveux révèle vite les limites de la partie-cycle. Les transferts de masses se font ressentir au freinage, la fourche se compresse et sature rapidement, le freinage parait dur à l’attaque du levier, la faute au maitre-cylindre, et le reste de l’action manque de force. Non décidément, derrière son physique body builder, le TRK 702 aime la douceur, les freinages anticipés et les virages enroulés, là où il tient son rôle, sans sur-jouer. 

Si nous avons essayé la routière, la version baroudeur TRK 702 X reste plus Out of Africa que Rambo. Cette X, avec les très bons pneus mixtes Pirelli Scorpion STR, les jantes à rayons et la roue de 19 pouces, aura droit au même constat au moment de la scène bucolique. Du chemin blanc roulant, mais pas d’action façon The Expendables, sous peine de finir en buter au moindre trou, faute de débattement suffisant avec 140 mm. La X est plus show off  façon Kurt Russell, mais aussi plus cohérente dans son jeu d’acteur sur la route. Elle gagne en stabilité à basse vitesse, le train avant moins nerveux lui va mieux et le freinage ne souffre pas des 2-pistons en moins sur les étriers avant. Les pneus Pirelli Scorpion STR sont excellents sur route et sauront vous accompagner sur les chemins de berger en trouvant du grip.

Après un court passage par la France, nous sommes de retour en Italie. La fin de journée est encore chaude, mais la lumière est douce. Ce serait parfait pour un tour en duo, avec quelques valises en alu en accessoires, ou un sac jeté désinvoltement sur le porte-paquet en alu. Le tout confortablement calé sur la double selle pour un tableau romantique et une scène de fin avec un baiser. Finalement, Stallone, il pourrait jouer dans James Bond, non ?

L’avis d’A2 Riders

Benelli veut faire grandir son TRK 502 et le rendre plus attractif et surtout plus joueur. Si le nouveau TRK 702 conserve les qualités de son prédécesseur, comme sa prise en main facile, sa montée en gamme, prix et puissance, ne fait que renfrocer certains défauts. Ce trail s’adresse à ceux qui privilégient le confort et le côté « grosse moto » à la performance. Le TRK se retrouve sur un segment riche avec de belles machines venues du Japon ou du concurrent sino-italienne, Moto Morini avec son X-Cape 650. Un tarif agressif séduira les petits budgets, mais est-ce que cela sera suffisant pour devenir un best-seller ?

On aime

  • Prix raisonnable
  • Style travaillé
  • Qualité globale en hausse

On aime moins

  • Moteur qui manque de caractère
  • Suspensions moyennes
  • Évolution dans le temps ?

Retrouvez la fiche technique de la Benelli TRK 702

Et la concurrence ?

Honda Transalp XL 750

Kawasaki Versys 650

Triumph Tiger Sport 660

Honda CB500X

Et le Top 5 des meilleurs trails en 2023

Vous appréciez A2 Riders ? Affichez votre soutien en vous abonnant sur Facebook et Instagram. Vous nous aiderez à faire grandir le site !

Laisser un commentaire

En savoir plus sur A2 Riders

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading