Test Kymco AK Premium : le plus puissant est-il enfin le plus fort ?

Comment exister dans l’ombre du Yamaha T-Max ? C’est tout le dilemme des maxi-scooters. Pourtant, Kymco refuse de lâcher l’affaire et sept ans après son lancement, transforme son AK 550 en Premium. Objectif : viser un public plus mature. 

L’art de vivre façon Kymco

Derrière un nom étrange qui fait tout de suite penser à une Kalachnikov et un physique de voyou en jogging chaussettes, le Kymco AK 550 est un maxi-scooter raffiné qui a du savoir-vivre. 

En 2023, les Taïwanais font évoluer gentiment celui qui doit incarner la montée en gamme de la marque, et affirmer ses prétentions à être un constructeur sérieux qui ne fait pas que du petit scooter cheap. 

Mais sur un segment créé et archidominé par Yamaha et son T-Max, il est difficile de se faire une place au soleil. Pour se démarquer, le AK Premium a un postulat simple : proposer des prestations équivalentes au King T, mais à un tarif agressif. Pour 12 000 € environs, le AK tape dans le mille avec de nombreux équipements qui viennent de série : une bulle électrique, un régulateur de vitesse ou encore des poignées chauffantes. Tout le confort attendu sur un véhicule Premium, sans avoir à faire péter les options. On notera surtout le nouveau système keyless enfin simplifié. Plus besoin de le martyriser pour en tirer quelque chose puisqu’il n’y a plus qu’un seul bouton.

Kymco assume son appellation Premium avec une vraie amélioration sur la qualité de finition. Les plastiques sont plus nobles, même si certains comodos font encore taches. Le dessin général du AK est élégant, avec de l’éclairage full LED et se savoure dans les détails. Un réel pas en avant qui le rapproche du Yamaha. Seule la planche de bord aurait mérité d’être changée plutôt que redessinée. Pas mal de reflets, pas assez de contraste et des informations dispersées, le tout avec un style qui ne colle pas à l’esprit Premium. Mais l’écran rond, au milieu, sauve les meubles puisqu’il est connecté à Noodoe, l’application Kymco qui permet de gérer système multimédia, navigation et appels.

Sous la selle, une belle place pour un casque intégral ou un modulable de cadre supérieur parisien. Vous pourrez glisser votre portable dans la boite à gants qui possède une prise USB, mais il ne faudra pas l’oublier, car elle ne se verrouille pas. 

Sur la selle, du confort et de la place. Elle est épaisse et soigne votre assise, le petit dosseret s’ajuste pour soutenir vos lombaires, et le passager sera plus à son aise que sur un canapé BoConcept, avec de belles poignées pour se tenir. Pour le pilote, l’ergonomie est naturelle, confortable, de la place pour les jambes, mais pas entre les jambes pour y glisser un sac à dos. De plus, la largeur du canapé susmentionné, gênera les plus petits pour poser les pieds au sol. Ils devront s’avancer au maximum pour y arriver.  De même, parvenir à mettre le AK sur la béquille centrale vous fera retourner à la salle de Crossfit pour travailler les squats. 

Enfin, la protection, très importante sur un scooter quand on roule en costume Armani (ou Massimo Duti). Vous serez bien calés à l’abri derrière la face avant, y compris au niveau des jambes. La bulle protège bien et en position haute sera un havre de paix sur autoroute. 

AK Premium, le Gentleman des villes

Quand on monte sur un AK, on s’attend à prendre une rafale à la première accélération. Mais le maxi-scooter se montre parfaitement docile et facile à doser avec une connexion à la poignée est précise. La transmission par courroie, la même que pour le CV3, travaille bien et en silence. Le moteur montre une belle rondeur et une accélération qui distribue progressivement les 52 Nm de couple malgré une certaine inertie. Oui, le T-Max est plus vif et le AK préfère s’exprimer plus haut dans les mi-régimes. Mais avec sa belle sonorité chaude de bicylindre et l’absence de vibrations, il incite à évoluer élégamment, presque nonchalamment dans le trafic. 

De ce côté, le AK Premium se montre maniable en ville même s’il est moins agile et nerveux que son concurrent. Avec son grand guidon, son centre de gravité bas et sa bonne répartition des masses, il fait oublier son poids de 238 kg et son empattement interminable de 1580 mm. Il va cependant demander un peu plus d’effort dans les situations compliquées ou les gros demi-tours. 

Côté confort, la suspension se montre encore un peu ferme sur cette génération. On arrivera en douceur sur les dos d’ânes et les chaussées dégradées, mais le scooter reste confortable dans son ensemble. 

Le scooter devient Sport-Touring

Kymco n’a peur de rien, surtout pas de créer un segment dans le segment. Voici donc l’apparition du maxi-scooter Sport-Touring, un scooter avec les qualités d’une GT. Et le Kymco AK le fait bien. 

Son cadre alu rigide et sa partie-cycle rigoureuse lui offrent un comportement proche d’une moto. C’est très sain dans les virages, la mise sur l’angle est précise et progressive, bien accompagnée par le profil des pneus Dunlop GPR-100. Et avec sa longueur et son poids, c’est d’une stabilité à toute épreuve, même s’il faudra lui mettre un petit coup de bassin pour gagner en vivacité sur les changements d’angle, un peu comme sur une Harley Road Glide … La fourche inversée et l’amortisseur arrière travaillent de concert, justifiant la fermeté du confort par ce bon comportement dynamique sur route. Les plus ambitieux, ou les moins expérimentés, pourront compter sur un ABS actif sur l’angle (AiBS) grâce à la centrale IMU Bosch 9.1. De quoi rester maître du puissant freinage avec étriers Brembo à l’avant. Si son attaque est légère au levier, cela permet de ne pas se faire surprendre en ville. Il faudra l’attraper à pleine main pour avoir toute la puissance. L’arrière, lui, est bien présent, comme on l’attend sur un scooter. 

Si en ville, il donne envie de rester sage, sur route, c’est plus la grande évasion, gaz en grand. Le moteur de 550 cm³ s’exprime alors pleinement. Avec 50 ch, c’est le plus puissant du marché, mais rassurez-vous, il est facilement bridable pour les permis A2.  Ce bicylindre adore prendre des tours, et une fois passé les mi-régimes, il va proposer une très belle allonge, s’empressant de vaporiser les points de votre permis fraichement acquis. Si vous êtes de nature prudente, vous pourrez jouer entre un mode rain qui dégrade la puissance à 38 ch et bride la réponse la poignée, un mode Power avec anti-patinage et un mode Power sans anti-patinage.

Enfin, avec 14,5 L de réservoir et 315 km d’autonomie annoncée, c’est un Paris-Deauville avec un seul passage à la pompe, confirmant ses prétentions au touring.

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