Elodie est partie à l’aventure pour découvrir une moto qu’on finit par sous-estimer face aux nouveautés clinquantes : le trail Versys 650 de Kawasaki. Un mini roadtrip, façon débutant à moto, qui ne s’est pas passé comme prévu.
En bonne prétendante pour tourner dans la pub Duracel, lorsque j’ai un weekend de libre, il m’est compliqué de rester inactive. C’est donc sur un coup de tête qu’un dimanche trop calme s’est transformé en road trip de 400 kilomètres de Paris jusqu’aux côtes normandes, et ce pour aller manger des moules-frites. Un coup de tête oui, mais qui avait aussi pour origine la présence dans mon garage d’une certaine Versys 650. Pour une fois que j’ai une routière à l’essai, c’était tentant de trouver une bonne excuse pour sortir des lignes droites de l’île de France. Direction Honfleur et en bonne compagnie puisque nous partons en duo avec Damien, lui aussi motard et surtout assez fou pour me supporter au quotidien depuis plusieurs années maintenant.
Et encore une fois, merci à Damien alias Damisixr pour les photos très cools !
Après cette petite découverte, vous pourrez retrouver l’essai complet du Versys 650 A2 sur A2 Riders.
La ville sans soucis

J’avais récupéré la Versys 650 quelques jours plus tôt, par une journée que l’on pourrait qualifiée d’humide. Pourtant, dès les premiers tours de roues, « facile » est le premier mot qui m’est venu à l’esprit pour la qualifier. Julien m’avait prévenu que son poids haut perché allait peut-être me poser quelques difficultés et en voyant son gabarit assez imposant pour une moto A2, je m’étais fait un portrait plus négatif dans ma tête. Pourtant, en dépit de mon petit mètre soixante-cinq, et le fait de ne pas m’arrêter avec les pieds complètement à plat, je me suis vite sentie comme à la maison. Elle s’emmène aisément, sans forcer. J’ai eu l’impression d’avoir cette moto dans mon garage depuis des mois.
Alors après m’avoir accompagnée toute la semaine sur des trajets très urbains, il me tardait d’aller l’essayer vraiment sur son terrain de jeu. Car au-delà d’être facile, cette moto elle a quelque chose auquel je ne suis pas forcément habituée : le confort. La selle est moelleuse et la position de conduite bien droite avec un guidon ni trop large, ni trop étroit, est agréable. De quoi normalement enchainer les kilomètres sans peiner. Une vraie routière sur le papier, et accessible en A2. Alors on charge les top cases avec des affaires de pluie « au cas où », l’appareil photo, et c’est parti.
Confortable, même à deux

Damien, mon compagnon, m’accompagne dans cette aventure et prend le guidon pour la première partie du trajet, ce qui me permet de me faire un premier avis sur la position pour le passager. Bien calée contre le top case, avec assez de place pour mes jambes et les siennes même avec les valises latérales, je me suis surprise à apprécier pour une fois d’être un sac de sable. D’habitude, lorsque l’on part en duo, c’est plus par obligation que par choix et je me retrouve souvent ballotée à l’arrière de roadsters, ou pire de sportives. Le genre d’expérience qui te confirme que la moto est un plaisir égoïste. Mais là c’est différent. Le siège est moelleux, la moto est douce, peu bruyante et je peux prendre le temps d’admirer le paysage sans avoir les poignets qui brûlent à chaque freinage. Nous ne nous gênons pas l’un et l’autre, avec suffisamment de place pour être libres de nos mouvements. Dans ces conditions, je comprends maintenant pourquoi certaines personnes aiment vraiment le duo à moto.
Les kilomètres s’enchainent et nous arrivons rapidement dans le Vexin mais aussi en plein milieu d’une belle averse. Ni une ni deux, les tenues de pluie sont enfilées, pour être de nouveau inutiles 5 minutes plus tard. Un temps normand en somme. Les routes que nous empruntons à ce moment sont très plates et très linéaires donc nous en profitons pour échanger nos impressions sur la moto dans nos intercoms. Damien partage aussi le même ressenti sur sa facilité et sa maniabilité. On jette un coup d’œil sur la consommation en duo et celle-ci reste raisonnable avec 5 à 6 litres pour cent kilomètres, à 130 km/h.
Une moto valorisante pour débuter

© @Damisixr pour A2 Riders
C’est quelque chose qui m’avait marquée toute la semaine et qui s’est confirmé pendant ce trajet. Le regard des gens est différent, qu’il s’agisse du regard de motards ou de non-initiés. A de nombreuses occasions, j’ai eu le sentiment d’être dévisagée en ville à son guidon et aussi en duo sur cette journée. Son gabarit plus imposant que les traditionnels roadsters A2 ou même les autres trails concurrents y est pour quelque chose. Un groupe de passants a même eu le culot de me demander si cette moto n’était pas trop puissante pour mon gabarit. Oui, le fameux mythe du lien entre le gabarit de la moto et sa puissance a encore de beaux jours devant lui ! Et visiblement aussi le sexisme, mais ça c’est une autre histoire. Après leur avoir donné un petit cours sur le sujet, je me suis rendue à l’évidence : cette moto n’a pas le look d’une moto de jeune permis.
Si elle n’en a pas le look, son moteur lui est bien bridé car l’idée reste de l’essayer dans cette configuration. Son bicylindre est agréable et raisonnablement joueur. Je ne me suis pas fait de frayeur à son guidon mais je ne me suis pas pour autant ennuyée. Elle a suffisamment de répondant pour rouler avec du rythme et se faire plaisir. Bas dans les tours, son moteur ne cogne pas et il est même agréable pour rouler en ville. A mi-régime, c’est là qu’elle commence à montrer son côté joueur et à vous donner envie de continuer d’accélérer. Jusqu’à rencontrer un manque de pêche un peu avant 8000 tours. Haut dans les tours, on sent que le moteur s’essouffle petit à petit sans pour autant que cela soit vraiment gênant dans la conduite. En duo, le bridage ne nous a donc pas particulièrement gênés, sauf peut-être sur quelques dépassements de voitures à anticiper un peu plus en amont.
Une moto plus facile qu’il n’y paraît

L’heure est venue d’échanger les rôles avec Damien. Ça tombe bien, les virages commencent à pointer le bout de leur nez. Si je suis souvent le SDS de Damien, l’inverse n’est pas vrai. C’est donc quelque peu fébrile que j’ai pris place à l’avant. Avec 30 kilos de différence entre nous deux, j’ai eu en comparaison plus de mal que lui à débéquiller et à la lancer sur les premiers mètres. Mais une fois que c’était fait, j’ai eu la bonne surprise de constater qu’elle restait une moto aisée à prendre en main. Et qu’en roulant, la présence de Damien ne changeait pas grand-chose à son comportement, voire qu’elle était même encore plus stable.
C’est une moto qui reste facile à emmener avec le regard, même avec un passager et des bagages. Elle me met en confiance et même en adoptant une conduite plus dynamique au fur et à mesure des virages, je n’ai pas eu l’impression de forcer. Son comportement général est plutôt neutre. Elle est agréable pour cruiser mais elle le reste aussi dès que l’on a envie d’ouvrir un peu. Donc sur les routes à virages, on se sent aussi moins limité par le bridage que sur les grandes lignes droites du Vexin.
Malheureusement ces fameuses grandes lignes droites reviennent plus vite que prévu et je me dis que je n’aurais pas été contre un régulateur. Car derrière sa grande bulle, on ne sent pas la vitesse, et visiblement on ne voit pas non plus les radars… Au-delà de penser à mettre waze, c’est la seule option qui m’a manquée. Mais comme le dit Julien : « Quand tu en viens à te demander s’il ne manque pas un régulateur c’est que tu as déjà passé un certain cap ». Je ne sais toujours pas s’il voulait dire par là que j’approche de la trentaine ou du fait que la moto est bien équipée, mais les deux sont vrais.
Poignées chauffantes, moules frites et phoques en options ?

Oui parce qu’avec ses poignées chauffantes, ses feux additionnels et beaucoup de place dans la bagagerie pour mettre tout mon bazar, je me rends compte pendant la balade que je suis en train de prendre goût à tout ça. Est-ce que je serais partie sur un coup de tête avec ma propre moto ? Surement. Mais est-ce que j’aurais pu prendre en plus tout l’attirail de plage, l’appareil photo, les tenues de pluie plus moulte choses inutiles, et me dire que le trajet allait être plaisant ? Sûrement pas.
La vue du panneau « Honfleur » et mon estomac qui crie famine me tirent de mes pensées. Nous voilà arrivés à destination, avec la satisfaction de se sentir étrangement en forme malgré plus de 200 kilomètres en duo sans réelle pause. Nous nous égarons volontairement dans la ville pour trouver un restaurant, et nous n’avons pas l’impression d’importuner les gens par notre présence car la moto est plutôt silencieuse. Ce qui n’est pas pour nous déplaire. Nous jetons notre dévolu sur un restaurant du port, de manière à manger avec une vue sur le joli centre-ville d’Honfleur. Et comme prévu, ce midi ce sera moules-frites !
En mangeant, nous élaborons la suite du programme. Même si le ciel s’assombrit, on décide d’aller faire une virée digestive à la plage avant de rentrer. Sur la route qui longe la mer, nous prenons le temps d’admirer les paysages de la cote normande en discutant. On se laisse porter et c’est exactement pour ce genre de sensations que j’avais envie de faire l’aller-retour sur la journée. Après quelques photos et le passage furtif d’un petit phoque à quelques mètres de nous, la pluie fait son retour. Nous nous remettons donc en route plus vite que prévu. Vu la tête des nuages, ça s’annonce mal
Rester zen malgré le déluge

Après avoir pris une première douche malgré les tenues de pluie, nous modifions notre itinéraire pour rentrer plus vite par l’autoroute. Surtout que le gros point faible de cette moto, ce sont ses pneumatiques d’origine, en particulier sous la pluie. Les D222 sont déjà longs à chauffer sur du sec et le retour d’information n’est pas optimal. Mais sur route humide, des freinages légèrement appuyés peuvent vous créer quelques sueurs froides. Nous n’étions donc pas particulièrement en confiance avec eux, que ce soit Damien ou moi, même avec le Kawasaki TRaction Control (KTRC) activé sous la pluie.
Et alors que nous pensions avoir échappé au pire, le temps s’est de nouveau gâté. Et là ce n’était plus une petite averse comme il y en a souvent en Normandie. Avec Damien, nous n’avions jamais pris un déluge pareil à moto depuis que nous avons le permis. En quelques secondes l’autoroute était inondée et les voitures quasiment à l’arrêt. Tant bien que mal, nous nous sommes frayé un chemin en interfile pour conserver une meilleure distance de sécurité avec les autres usagers et aussi améliorer notre visibilité. On ne voyait pas à plus de 50 mètres. Dans ce genre de situation, lorsque l’on ne peut pas s’arrêter, il n’y a rien d’autre à faire que d’avancer prudemment et d’attendre que ça passe. Moi qui avais à l’origine prévu d’aller me baigner à la plage, j’étais servie. Malgré les conditions plus exigeantes et notre manque de confiance dans ces pneumatiques, la Versys 650 est restée très souple et facile à rouler. Et nous sommes rentrés à bon port aussi frais, mais pas aussi secs, qu’en partant le matin.
Après plus de 1000 kilomètres à son guidon, j’ai eu de belles surprises avec cette Versys 650. Derrière son gabarit de trail routier, se cache en fait un petit roadster simple à prendre en main et avec lequel vous pouvez enchaîner les kilomètres sans vous fatiguer. Plus taillée pour le voyage que pour la ville, elle n’en reste pas moins facile en milieu urbain, à condition d’enlever la bagagerie pour vous faufiler partout. Elle a aussi l’avantage d’être aussi agréable en solo qu’en duo. En fait, je l’aurais bien gardée quelques jours de plus. Et surtout, je crois que je commence à prendre vraiment goût au confort, c’est grave docteur ?
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Franchement tout a fait d’accord.
Cette moto en version 2007 fu ma moto A2. Après une très brève incartade chez Honda ( dont j’ai parlé ici ^^) j’y suis revenu avec une 2018.
Je l’adore. Hyper facile, confortable roulable seul pour le plaisir, a deux ou même au quotidien. Elle est aussi agile qu’un scoot et bien plus sympa.
Je m’en sers au quotidien pour aller au centre de Paris bosser et l’été pour le road trip.
Je souligne aussi le taff de kawa qui en plus de 15 ans ont cru en leur concept et rendent maintenant une bécane incroyablement aboutie.
Pour moi malgré le confort et la puissance contenue, on est pas encore dans la moto de vieux tellement on peut tout faire et s’amuser a son guidon.
Bref je l’aime cette kawette.