Royal Enfield Himalayan - A2Riders.com
    Aventure
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    Road trip hivernale des marmottes en Royal Enfield Himalayan : Pourquoi ?

    Quand on est motard débutant, il y a des rites de passage, des expériences qui vous font sortir de votre zone de confort pour vous faire passer un cap. Participer à une concentration hivernale, c’est découvrir une autre façon de faire de la moto. Alors, j’ai enfourché une Royal Enfield Himalayan, traversé les Alpes enneigées et rejoint des Marmottes à Saint-Veran.

    J’étais presque un peu déçu au début de mon périple. Parti de Grenoble, la pluie est tombée dès les premiers kilomètres. Pas vraiment le fantasme que j’avais de rouler en montagne en hiver. Notre petit groupe de 4 motards, dont un sidecar, arrive au pied du premier col. Un gendarme nous arrête « je vous préviens c’est la guerre là-haut ! Alors soyez très prudent ». Petit sourire en coin que l’on tente de dissimuler, voilà ce qu’on était venu chercher : en chier un peu. 

    T’as voulu rouler sous la neige !

    © Emerick Houplain pour A2Riders

    L’ascension commence, la neige tombe fort, la visibilité ne porte pas loin. Les premières voitures s’arrêtent pour mettre les chaînes et nous on s’arrête pour faire un point. La déneigeuse vient de passer, on peut continuer. Avec les gros flocons qui tombent, la route blanchit à nouveau très vite.

    © Emerick Houplain pour A2Riders

    Les minutes passent et nous voilà en train de rouler sur la neige fraiche. Conduite douce et souple obligatoire. L’Himalayan s’avère être le bon outil pour ça. Je l’avais choisi parce que son nom collait à l’histoire mais finalement la moto colle aussi au défi. C’est un peu une zen master qui ne craint pas ces conditions climatiques. Le monocylindre est très doux à bas régime, la moto n’est pas nerveuse et bien stable. Me voilà en confiance. 

    Il fait froid, la visibilité est très moyenne et des plaques blanches se cachent à chaque virage. Le problème n’est pas d’accélérer, la motricité je la trouve facilement. Non, le problème c’est le freinage et l’imprévu qui peut vous piéger. Notre petite équipée décompose chaque action, décélère bien en amont de chaque tournant, doux sur les freins pour ne pas glisser, pas trop d’angle et le regard bien au loin. En douceur, tout passe sans se faire peur. 

    © Emerick Houplain pour A2Riders

    Cela fait déjà quelques heures que l’on roule, il fait – 8°, mes vêtements sont humides avec toute la neige qui m’est tombée dessus et je découvre les premiers effets du froid. Alors, je m’arrête pour enfiler une veste de pluie afin de couper l’air. En roulant, je bouge les orteils pour faire circuler le sang. Malgré mes gants chauffants, je sens le bout de mes doigts s’engourdir gentiment, j’applique la même technique que pour les pieds. J’ai de l’air qui me passe sous le casque et sous mes deux tours de cou le froid me mord le bas du visage. Mais le plus désagréable, c’est cette envie de pisser en permanence !

    Les habitués du site seront contents d’apprendre que j’ai mis en application mes propres conseils pour m’équiper afin de rouler dans le froid. J’ai juste dû changer de bottes car les miennes n’étaient pas étanches et cela aurait pu m’être fatal. Heureusement, un camarade avait une paire de secours pour moi (avait-il anticipé mon raté ?). Et je remercie Jérôme qui a pensé à me faire installer des pare-mains pour couper l’air froid. Salutaire.

    La montagne, expérience mystique

    © Emerick Houplain pour A2Riders

    N’empêche, je savoure l’instant. A rouler dans ces conditions en montagne, il y a quelque chose qui se rapproche de la méditation. On est plongé dans un autre espace-temps. Il faut rester concentré, chaque action sur les commandes doit être délicate, il faut tout décomposer, anticiper. Mon esprit finit par faire le vide, focalisé sur la route. Je découvre alors une sensation pure de détachement. Tout devient plus calme, et la route que j’appréhendais, finit par me rendre serein. Un peu plus tard dans la soirée, Bob me dira un peu la même chose : « Tout à l’heure dans mon casque, j’ai gueulé ! J’étais tellement heureux, j’oublie tous mes soucis quand c’est comme ça ! ».

    Zen Master Himalayan apprécie l’instant. Le mono de 411cm3 est considéré comme « un truc mou » par beaucoup de motards et il est vrai qu’avec 24,5ch pour près de 200kg, ce n’est pas un foudre de guerre. Mais en montagne l’hiver, il est de toute façon difficile de dépasser les 100km/h. Sur ce voyage, elle me donne ce dont j’ai besoin, pas nécessaire d’en faire plus.

    D’ailleurs, c’est la réflexion que nous avons avec le groupe lors d’une pause. Avec une grosse BMW 1250 GS, une Ducati Multistrada ou tout autre moto performante, nous aurions roulé fort malgré la météo, attaqué et pris plus de risques en virage parce que les motos nous l’auraient permis. Peut-être il y aurait eu une chute. Là, avec nos petites cylindrées nous avons adapté notre rythme à l’environnement, nous donnant le temps d’apprécier ce qu’il se passe autour de nous. 

    © Emerick Houplain pour A2Riders

    Nous passons Gap, la neige a fondu sur la route mais tout autour du lac de Serre-Ponçon, elle sert d’écrin. Le froid est oublié, le soleil prend le relais dans l’ascension vers Saint-Véran. La route est magnifique avec les gorges du Guil et le Fort Queyras. On croise Yann en Triumph attelée. Sympa, pas vraiment le profil du mec en hivernale, on dirait un hipster. N’empêche Yann à la trentaine et commence a avoir du kilomètre au compteur. Cette année il a décidé de faire une hivernale par mois, en attendant son prochain grand voyage avec sa compagne. Il part devant pour faire des photos et nous le retrouverons là-haut.

    250km parcourus en une journée, drôle de rythme mais nous voilà arrivé.

    © Emerick Houplain pour A2Riders

    Les marmottes sont établies à l’entrée du village. Je me gare près d’une GS, « attention avec tes valises ! Attends, je vais t’aider. » Premier contact établi, ici l’entraide est sans filtre. « C’est mignon ta moto, on dirait presque une vraie ! » me charrie Willy le propriétaire de la GS 1250, « mais elle a une petite gueule comme ça, c’est sympa ». Pas le temps de se présenter, que l’on se connait déjà chez les marmottes.

    Surgit à ce moment du récit, une ellipse temporelle pour vous faire revenir sur le site plus tard afin de lire le papier consacré aux marmottes où vous apprendrez la survie en hivernale.

    Et nous voilà le lendemain matin. 

    Disney on Ice

    © Emerick Houplain pour A2Riders

    Le lendemain, réveil blanc. L’Himalayan était enneigée et m’a fait craindre une batterie vidée par le froid. Elle a démarré du premier coup sans s’énerver, zen. Alors, j’ai eu la bonne idée de la placer dans la neige pour une jolie photo, réussi la photo ! Mais quand il a fallu la descendre de la béquille centrale, j’ai glissé. Personne ne m’a vu, alors ne dites rien … 

    © Emerick Houplain pour A2Riders

    Bien entendu, comme nous étions là pour faire des reportages, il a aussi fallu faire une séance photo dans le village. La Royal a grimpé la pente gelée grâce à la patience et au couple du monocylindre, sans jamais forcer. Un camarade en petite Zontes 310 T n’a pas réussi malgré ses pneus Dunlop Mutant (qui a dit que les pneus étaient plus chers que la moto ?). Vous remarquerez sur les clichés, la technique utilisée des pieds sortis sur le verglas comme évoqué au début de l’hiver sur le site. J’applique !

    © Emerick Houplain pour A2Riders

    Par contre, je découvre que le vrai problème, c’est le freinage sur le verglas. J’arrive un peu vite, l’ABS panique, je parviens à freiner tant bien que mal et évite la chute. Nouvelle photo, nouveau passage, je fais un 180° au freinage. Il faut bien tester les limites. Troisième passage, excès de confiance, le 180° fini sur l’angle dans une action au ralenti digne de Matrix. Je découvre en écrivant ces lignes que je pouvais déconnecter l’ABS. Cela aurait-il fait la différence ? Non je crois que j’étais déterminé à tomber pour le bien du récit. 

    En redescendant au campement, Bébert me lâche un conseil avisé : ” Tu mets la première vitesse, tu coupe le moteur et tu descends à l’embrayage tout doucement, comme si c’était lui le frein”. Le conseil sera mis en application à l’avenir, merci Bébert !

    Au passage, j’ai aussi travaillé ma technique du relevé de moto.

    © Emerick Houplain pour A2Riders

    Le blues du dimanche soir

    © Emerick Houplain pour A2Riders

    Le temps de dire au revoir à la troupe des marmottes. Et nous reprenons la route. Le soleil brille, les montagnes sont couvertes de neige, le paysage est magnifique. J’ai l’impression d’être sur le toit du monde, au fin fond du Népal ou de l’Alaska, je n’ai pas décidé encore. C’est un vrai plaisir de rouler en montagne, il se passe quelque chose de poétique et j’invite tous les rouleurs de l’été à rejoindre les fous de l’hiver. 

    Et puis le temps se couvre à nouveau une fois passé Gap. Moins poétique d’un coup l’hiver. On mange de la neige jusqu’à la nuit, visibilité médiocre, route glissante mais juché sur ma zen master, je suis calme.

    © Emerick Houplain pour A2Riders

    Je fais un dernier bilan de ma petite baroudeuse. Avec cette Himalayan, je m’imagine parfaitement en aventurier, parcourant les routes chaotiques de la Transhimalayan pour rejoindre Katmandou. Le roadtrip sur un autre rythme, celui du temps long et de la déconnection, fuyant les autoroutes et les pressés. Peut-être même que je pourrais l’avoir sur Paris, ça me forcerait à être moins parisien ?

    N’empêche j’ai déjà l’idée de recommencer. Prochain road trip, une aventure avec les gars de Vie de motard (ils sont différents mais ils ont l’air sympa !) ?

    Pour ceux qui veulent un essai plus complet et pragmatique de l’Himalayan, rendez-vous ici.
    Pour les autres, rendez-vous très bientôt, pour passer la soirée à -12°c avec les marmottes de Saint-Véran.  

    5 thoughts on “Road trip hivernale des marmottes en Royal Enfield Himalayan : Pourquoi ?

    1. Je discutais avec Willy quand tu as failli accrocher sa GS a vécu les valises et on t’as chambre sur ta mobylette🤣 a la bonne bouille.

      Je suis d’accord que rouler sur la neige ça a quelque-chose de magique et de difficile à décrire, partagé par l’oeiphorie donnée pas la motricité et la retenue par le floue de la roue avant…….mais ça donne la banane et c’est du bonheur en barre!

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