New
A2 Rideuses
2

A2 Rideuses : les femmes sont-elles des motards comme les autres ?

Sur A2Riders.com, on a décidé de créer un rendez-vous qui parle des motardes. Les femmes sont de plus en plus nombreuses à faire de la moto et c’est tant mieux. Mais les préjugés et autres clichés ont la vie dure. Et sur A2 Riders, on adore ça, péter du cliché. Une fois par mois, on va donc faire une belle place aux A2 Rideuses et raconter la moto au féminin, pour en saisir les subtilités, les difficultés, et surtout laisser s’exprimer leur état d’esprit. Et si vous êtes un mec, restez dans le coin, vous allez apprendre des choses.

Pour ce rendez-vous mensuel, j’ai demandé à Céline de s’y coller. Céline, je vous en ai parlé récemment, car elle a lancé une marque d’équipements motos féminins, qui casse les codes : 2MilesSix. Et pendant notre conversation, elle avait plein de choses à raconter sur la moto et sur les motardes. Je l’ai donc invité à prendre le guidon et me voilà passager !

S’adapter aux pratiques motardes – A2 Rideuses

©2MileSix

« Tu roules bien pour une femme », « tu ne vas pas avoir la force de la relever si tu la fais tomber », « Je ne laisserai pas ma femme posséder une speed triple, c’est trop lourd, trop puissant, trop tout, une Street triple, c’est suffisant » « une motarde c’est juste fait pour montrer son string à l’arrière de la moto » …. On a toutes et tous entendus des réflexions plus ou moins sexistes, plus ou moins condescendantes, plus ou moins paternalistes envers la gent féminine qui envisage de passer son permis ou qui le possède déjà. Le monde de la moto est-il masculin ? Les femmes ont-elles leur place dans cet univers ?

Le sexisme dans la moto – A2 Rideuses

©Soli Moto (@soli.moto)

Les citations ci-dessus, je les ai entendues, ce ne sont pas les seules d’ailleurs. Dans tout ce que j’ai entendu, j’ai échangé avec des hommes de mon entourage et ces discussions ont permis de remettre de la perspective dans ces propos. Dans la vie, il y a ce que l’on veut dire, ce que l’on pense dire, ce que l’on dit, ce que l’autre entend, ce que l’autre comprend avec ses références, ce à quoi il faut rajouter l’humeur du moment des deux interlocuteurs et ce qu’ils ont vécu précédemment.

Une fois, je lis un message assez cru qui m’était destiné sur un forum public, ce n’était pas la première fois que j’avais affaire à des propos sexuels sur cet espace. Assez énervée j’envoie un message au monsieur en le remettant en place. Il s’excuse de m’avoir blessé en m’expliquant qu’il parle comme ça à tout le monde, homme ou femme, mais que si cela me dérange, il change lorsqu’il s’adresse à moi. J’ai repris ses autres messages et, effectivement, tous avaient la même teneur, il n’avait pas fait de différence. Je m’étais aveuglée par le vécu et le sentiment différenciant d’être une femme parmi les hommes. Il est ensuite devenu un copain.

Par contre « une motarde c’est juste fait pour montrer son string à l’arrière de la moto » était une vraie phrase sexiste et le monsieur a été remis en place par… un autre homme qui lui a gentiment précisé que j’avais le permis. J’aurai réagi, j’aurai été traité d’hystérique, certains n’acceptent la critique que de la part d’un homme de plus d’1m80. Il est également arrivé que des motards félicitent l’homme qui était avec moi pour « sa belle moto » alors qu’il s’agissait de la mienne.

En regardant autour de moi, nous étions seulement quelques femmes motardes en haut de ce col et la plupart sont reparties en passagère. Par la force de l’habitude, les hommes présents ont assimilé moto = homme, sans forcément penser à mal.
Il y a des gens sexistes et lourds, d’autres gentils et maladroits, des paternalistes et des imbéciles qui seront tout aussi condescendants avec les autres hommes qu’avec les femmes, mais une grande majorité sera correcte. Pour la minorité désagréable, les éviter reste la meilleure solution.

Se créer un espace sans pression – A2 Rideuses

©Soli Moto (@soli.moto)

Volontairement ou involontairement, certains hommes/ maris/ amis poussent leur motarde préférée à se dépasser, mais ils le font maladroitement et c’est vécu comme une pression importante. Des femmes veulent bien faire et se créent elle-même des contraintes pour ne pas décevoir, parce qu’elles pensent que c’est ce qui est attendu d’elles, savoir suivre une balade dès le permis. Inné ou acquis, ce syndrome du bon élève peut être renforcé dans un contexte mixte. À certains moments, notamment au début de l’apprentissage sur route, piste ou off-road, des femmes ressentent le besoin d’être entre femmes pour se libérer de la pression du regard des hommes.

Créer un espace dans lequel on se sent libre de faire ce que l’on veut, sans gêne due au regard de l’autre sexe, on le fait naturellement, on retrouve les clichés de la sortie shopping entre copines ou la soirée foot entre hommes. Lorsqu’il s’agit d’une activité connotée « masculine », recréer un cocon féminin peut paraitre plus surprenant : imaginez la sortie shopping entre hommes et la soirée foot entre copines, cela surprend notre habitude de pensée, mais il ne s’agit au fond que de cela, des habitudes de pensée. Finalement, une sortie moto entre femmes, c’est un bon moment qu’on partage avec des copines. Est-ce que cela doit être la seule façon d’envisager la moto ? Je ne pense pas, mais à chacune ses choix.

Il existe des moto-club féminin, la plupart sont inclusifs, c’est-à-dire qu’ils permettent aux femmes d’avoir un espace entre femmes uniquement et d’autres activités mixtes. Avec un club étiqueté « féminin », on aura l’assurance que les hommes qui participent aux activités mixtes seront éloignés des clichés machistes.

Des différences physiques qui restreignent ? – A2 Rideuses

©Soli Moto (@soli.moto)

Il existe des différences physiques entre les hommes et les femmes, mais ces différences sont-elles critiques lorsqu’on est sur une moto ? Homme ou femme, lorsqu’on est de petite stature, la question de la hauteur de selle et du poids de la moto sera la même. Il s’agit alors de trouver ses propres stratégies lors des manœuvres à l’arrêt ou en dévers, plus délicate puisque les deux pieds ne sont pas à plat au sol. Une fois que la moto est en mouvement, la taille ne compte plus. En fonction de la pratique (route /off-road /piste) la technique, l’endurance, la sportivité, la mobilité, tout cela va être nécessaire à divers degrés, mais cela ne dépend pas du genre.

Vous connaissez Lil’viber ou Jocelyn Snow ? Aurélie Hoffmann alias Lil’viber fait de la piste avec brio (1m56), tandis que l’américaine Jocelyn Snow a participé à la finale internationale du GS trophy 2018 sur une 1200GS du haut de ses 1m55. Elles réalisent des choses que peu d’hommes font.

Historiquement la moto est un monde d’homme et, peu de femmes roulaient. Depuis une dizaine d’années et avec une accélération ces cinq dernières années, les femmes de tous âges s’approprient la liberté de rouler à moto. Elles font leur place, les mentalités évoluent. Au-delà du genre, l’essentiel est de trouver un groupe de roulage où on se sente bien, avoir les mêmes objectifs de roulage, les mêmes envies, les mêmes valeurs.

N’hésitez pas à échanger avec Céline en commentaire. Et retrouvez les vêtements de sa marque sur son site 2MileSix.com

Quelques moto-club féminins :

Les amazones https://www.mcamazones.fr (Région Est)

Amazones Team http://www.amazone-team.com

Cœur de Motardes https://www.facebook.com/AssociationCoeurdeMotardes/ (Région Centre)

Dark Angels https://www.darkangels.fr/ (National – IDF et Région Lyonnaise)

Les Furies https://www.mclesmotardesfuries.com (National)

2 thoughts on “A2 Rideuses : les femmes sont-elles des motards comme les autres ?

Laisser un commentaire

%d blogueurs aiment cette page :