A2 Rideuses
    1

    A2 Rideuses : Stéphanie Rowe, la moto hors des sentiers battus

    C’est un petit bout de femme blonde d’1m60 qui arbore un sourire bienveillant en toute circonstance. Pourtant, quand on la voit à l’œuvre, Stéphanie Rowe impressionne. Son métier ? Dompteuse de maxi-trail ! Elle est membre de l’équipe PETOKASK, formatrice moto off-road, organisatrice de raid off-road, pilote enduro, et désormais à la poursuite de son rêve : participer au Dakar.

    Qu’est-ce qui pousse une femme à monter en selle pour devenir instructeur certifié BMW ? Stéphanie nous raconte son parcours et sa position de femme dans un milieu encore très masculin.

    Pour ce rendez-vous A2 Rideuses qui raconte la moto au féminin, j’ai demandé à Céline de s’y coller. Céline est une actrice du monde de la moto, car elle a lancé une marque d’équipements motos féminins enfin, qui casse les codes : 2MilesSix.

    La moto, comme un mode de vie – A2 Rideuses

    • Bonjour Stéphanie, peux-tu te présenter et nous dire comment tu as commencé, qu’est-ce qui t’a donné envie de faire de la moto ?

    Ma famille n’est pas une famille de motard, mais j’ai fait pas mal de 4×4 avec des amis, j’ai toujours aimé les choses mécaniques. J’ai commencé la moto à 21 ans, assez tardivement (par rapport aux pilotes professionnels, NDLR). Ma petite sœur avait un copain qui avait une 125 cm³ et de voir la moto devant la maison, j’ai eu envie d’essayer. Au même moment, Erwan McGregor et Charley Boorman faisaient le tour du monde à moto et nous faisaient rêver de voyages en 2-roues. J’ai donc passé le permis.

    Après le permis, j’ai fini par vendre ma voiture parce que je n’utilisais plus que la moto au quotidien. Au bout de 6 mois, j’ai commencé à mettre mes roues dans la terre et comme en Angleterre les chemins ouverts à la circulation sont très peu nombreux, je ne voulais pas faire des allers-retours sur un seul chemin, j’ai commencé la compétition enduro.

    • La moto, c’est plus qu’un loisir, c’est toute ta carrière ?

    Lorsque j’ai passé le permis, je travaillais dans une entreprise classique, mais le travail de bureau ne me convenait pas, j’y allais à reculons. J’ai démissionné. Un jour, je rentre dans un magasin de moto pour regarder, le vendeur s’approche de moi et je lui dis immédiatement que je suis juste là pour admirer, que je n’achèterai rien pour le moment. Finalement, j’ai commencé à travailler dans ce magasin la semaine suivante au comptoir des pièces. Je n’y connaissais rien en mécanique moto, mais je sais ce qu’est un moteur de voiture, il y a quelques similitudes et j’avais envie d’apprendre.

    Pendant plusieurs années, j’ai jonglé entre le travail au magasin et les compétitions enduro les dimanches. Mais j’aime travailler dehors, la routine d’un bureau ne me convient pas.

    En 2013, je gagne un évènement marketing BMW pour présenter la R 1200 GS refroidissement liquide, je fais plusieurs présentations avec eux. Et je travaille aussi avec Touratech en Grèce. En septembre 2013, j’ai un grave accident au genou lors d’un GS Trophy et je ne pouvais plus marcher pendant deux ans. Je finis par reprendre doucement la moto en 2016 puis le tout-terrain en 2017 et je deviens instructeur officiel BMW. En 2018, nous créons la structure Petokask avec Vincent, mon compagnon. En parallèle, je continue l’aventure GS Trophy, en étant notamment marshall en Nouvelle-Zélande en 2020, en participant au lancement de la R 750 GS, en encadrant les journalistes internationaux.

    • Vous êtes basés en France ?

    Nous sommes basés en France. Entre les déplacements professionnels, les compétitions, je fais environ 6 mois en France, 6 mois en Angleterre (Stéphanie est Anglaise, NDLR), j’aime bouger.

    “Tous compétiteurs, avant d’être homme ou femme” – A2 Rideuses

    • Dans les compétitions ou les évènements, te sens-tu une femme parmi les hommes ou un motard parmi les autres ?

    Très bonne question ! Je dirai un peu des deux. Il y a assez peu de femmes en enduro alors on nous remarque davantage. Au trèfle Lozérien par exemple, il y a 8 femmes sur 600 compétiteurs. Je ne porte pas de rose pour ne pas être étiquetée « femme », notamment quand je double des hommes, mais avec mon petit gabarit, je suis assez facilement reconnaissable. En compétition, il faut avoir la peau dure, moins en enduro qu’en cross où certains sont capables de rouler sur leurs adversaires, homme ou femme, mais on est tous des compétiteurs avant d’être un homme ou une femme.
    J’ai rencontré beaucoup d’hommes devenus amis proches lors de compétitions.

    Te considères-tu comme casse-cou ? as-tu peur ? Oui et non, je suis mes rêves, j’essaye des nouvelles choses. Le parc Walibi cherchait une femme pour faire un show stunt, j’y suis allée alors que je n’y connaissais rien. J’ai forcément un peu plus peur après l’accident, car on pense aux conséquences en cas de chute, mais si on y pense on se crispe et ce n’est pas bon. Si tu as peur, tu ne fais rien, alors qu’en compétition, on cherche ses limites, car la compétition, c’est avant tout contre soi, toujours

    “Les femmes manquent parfois de confiance, parfois les hommes en ont trop” – A2 Rideuses

    • Tu donnes des cours de off-road, ressens-tu une différence entre les hommes et les femmes qui viennent en stage ?

    Oui. Les femmes écoutent généralement mieux et comprennent assez vite, mais manquent de confiance en elles. Parfois les hommes ont trop confiance. Ils sont aussi souvent plus fort donc peuvent passer un obstacle en force, là où une femme devra forcément avoir une bonne technique.

    • Il y a de plus en plus de femme qui se mettent au off-road, quels conseils donnerais-tu à une débutante en off-road ?

    De commencer par une petite machine d’enduro et si elle veut se lancer dans des compétitions de commencer petit et d’y aller progressivement. Et sur les compétitions ou les rallyes à l’étranger, bien vérifier les conditions sanitaires de rapatriement en cas de problème. Ne pas se décourager si on roule avec des pilotes plus aguerris, ils peuvent nous apprendre beaucoup.

    • Prochain objectif : le Dakar : peux-tu nous en dire plus ?

    C’est une course mythique. J’ai travaillé pour ASO sur le Dakar cette année, cela m’a permis de voir l’envers du décor. J’ai encore de la préparation à prévoir pour gagner en vitesse notamment. Je suis allée m’entrainer dans les dunes.

    Je prévois de le faire avec une moto enduro, plus simple et plus léger qu’une rallye replica. Même si elle n’a pas la même vitesse, je serais moins pénalisée par le poids dans les parties techniques. J’espère pouvoir boucler le budget et que mon inscription soit acceptée pour l’édition 2024.

    • Un dernier mot : as-tu une devise qui t’accompagne ?

    « Just be the best you can be », donne le meilleur de toi-même !

    Si vous désirez commencer ou progresser en off-road, ou partir en raid en France accompagné :  https://www.petokask.com/ Et pour soutenir Stéphanie dans son rêve de Dakar : https://www.steffrowe.com/

    N’hésitez pas à échanger avec Céline en commentaire. Et retrouvez les vêtements de sa marque sur son site 2MileSix.com

    One thought on “A2 Rideuses : Stéphanie Rowe, la moto hors des sentiers battus

    Laisser un commentaire

    %d blogueurs aiment cette page :