Mon premier road trip en A2 (4/4) :  Les astuces pour planifier son road trip ?

Dernier épisode de nos conseils pour bien préparer son road trip à moto. Elodie vous explique les préparatifs avant de partir, que ce soit pour la navigation, la gestion des imprévus et de la fatigue. Au bout de ce papier, vous serez prêts à prendre le départ pour l’aventure !

Voici enfin venu le dernier article de notre série sur les road trip. Maintenant que tout votre équipement est prêt, il ne reste plus qu’à prendre la route. Ou presque ! Même les pro de l’impro répètent toujours avant de monter sur scène. Il en va de même en road trip. Itinéraire, gestion de la fatigue, vous allez apprendre sur le tas et en vous lançant, mais autant mettre un maximum de chances de votre côté avec un peu de préparation. Je me répète, mais l’idée principale sur un road trip reste quand même de profiter du voyage et non uniquement d’arriver à la destination prévue. Enfin sauf si vous détestez Robert Louis Stevenson.

Définir son itinéraire : le nerf de la guerre ?

Ton itinéraire, c’est lui qui va te faire adorer ton road trip ou le détester. Ou te détester toi-même et tes idées à la con, pardon : saugrenues. Bien souvent, tu as déjà une ou plusieurs destinations en tête avant de te poser la vraie question fatidique de la distance à parcourir.

Pour mon premier road trip, nous étions partis à deux motos de Paris jusqu’en Normandie et nous avons exploré les côtes normandes pendant 3 jours avant de rentrer. On regardait au jour le jour les endroits que l’on souhaitait explorer mais toujours dans un périmètre assez restreint pour éviter la fatigue.

Pour mon dernier road trip, nous avons rationalisé et planifié les endroits que l’on souhaitait explorer à l’avance. Nous devions faire 850 km dans un sens pour arriver à la destination prévue : le lac de Côme en Italie, mais ça, c’était le nombre de kilomètres en prenant l’autoroute. Nous avons donc étudié les routes à prendre, les points d’intérêts sur le trajet, leur distance les uns des autres et les routes qu’il ne fallait pas manquer. Comme la fameuse Tremola Passtrasse et ses pavés sur 5 kilomètres.

Nous avons ensuite croisé ces éléments avec le nombre de jours de vacances que l’on avait : 15 jours. De 850 nous sommes rapidement passés à plus de 3000 kilomètres pour l’aller-retour, en faisant une boucle. Et de toute cette réflexion est né un petit road book, principalement composé de lieux à voir, de belles routes à virolos, ainsi que d’une première ébauche de planning journalier.

Grâce au temps passé sur ce road book, nous avons également fait le choix de prendre une grosse portion d’autoroute le premier jour pour s’épargner des routes de campagne au bitume douteux et de longues lignes droites dans cette fameuse diagonale du vide. Cela nous a permis de repartir frais le deuxième jour pour profiter des belles routes de montagnes entre la France et la Suisse, dont la route Napoléon et surtout de gagner une journée pour explorer un point d’intérêt que l’on pensait écarter au début par manque de temps.

Suivre le cap mon capitaine

Statuer sur un itinéraire, même à la louche, c’est bien, mais encore faut-il pouvoir se repérer pendant le road trip. Pour cela, plusieurs options, la bonne vieille carte et les panneaux, ou les GPS, qu’ils soient sur smartphone ou non. Personnellement, Google maps, Waze, Calimoto et autres applications sont mes alliés selon les portions où je souhaite me servir d’un GPS. Déjà, parce que j’ai un sens de l’orientation que l’on pourrait objectivement qualifier de défaillant.  Ensuite, parce qu’elles me donnent des indications sur le type de route devant moi, sur les virages et leur profil. Enfin, de nombreuses applications vous permettent de dresser des listes avec tous les points d’intérêt et tout entrer en début de journée pour connaître votre temps de parcours total. Si vous êtes d’humeur généreuse, vous pourrez même partager votre itinéraire par la suite avec d’autres.

Il faudra aussi penser à vos arrêts pour vos besoins essentiels, comme manger, souffler un peu, dormir ou encore soulager votre vessie. Les prévoir avant vous permet d’être plus relax sur votre timing de la journée, mais aussi potentiellement de le faire sur des points d’intérêt. Parce que c’est quand même un peu bête de traverser le dernier village avec une station essence et une épicerie avant de réaliser que votre réservoir est vide et que votre estomac crie famine 20 km plus loin. Et bien sûr, ça n’arrive toujours qu’en plein milieu de nulle part. Ça, ça s’appelle la loi de Murphy, mais en même temps, vous l’avez bien cherché !

Gérer sa fatigue en road trip

En matière de gestion de l’effort, vous connaissez mieux vos limites que n’importe qui d’autre. Donc c’est avant tout à vous d’être réaliste sur la distance que vous souhaitez parcourir dans votre road trip. N’oubliez pas que la moto demande de la concentration et met le corps en tension sur une longue durée. En road trip, votre moto est plus lourde avec le poids des bagages. On privilégie souvent les petites routes, qui sont plus réjouissantes, mais tout autant usantes. Il y a aussi le bruit dans le casque, le chaud/froid, les erreurs de navigation, les intempéries, le fait de vivre dans un sac, l’usure liée à un confort réduit. Autant de facteurs qui, surtout quand on est débutant, vont demander plus d’effort, donc générer plus de fatigue. Et ce même si vous êtes en train de vivre le meilleur voyage de votre vie. Comme pour n’importe quelle pratique sportive, il est donc conseillé d’augmenter l’effort progressivement.

Afin de bien profiter des paysages et aussi de pouvoir rouler sur de belles routes, 300 km par jour est une moyenne que j’essaye de respecter sur un long roadtrip. Sur mon road trip de 15 jours, je m’étais également prévu une coupure au milieu, pour pouvoir jouer les touristes, mais aussi pour récupérer avant le retour. Qui veut aller loin ménage sa monture.

Mais ce n’est pas tout, la fatigue ça se gère aussi sur la moto mais aussi quand vous n’êtes plus sur votre selle.  Notamment à travers le sommeil et les pauses dans la journée. Avant de partir vous allez ainsi définir le mode d’hébergement qui vous correspond le mieux, ou qui vous séduit le plus selon vos critères : soif d’aventure, recherche de confort, budget. Dans tous les cas, que vous dormiez en tente ou à l’hôtel il vous faudra repérer chaque jour ou dormir. Lors de notre road trip jusqu’au Lac de Côme, nous avions fait le choix de réserver les hôtels pour les premiers jours. Pour la deuxième partie du road trip, nous réservions du jour au lendemain ce qui nous a permis d’ajuster notre itinéraire selon notre fatigue et les conditions météo. Cependant, nous devions anticiper ce temps de recherche chaque jour et aussi vérifier à chaque fois que l’on allait pouvoir garer les motos en sécurité.

Concernant les pauses à mener dans la journée, écoutez-vous. Et ce même si vous avez déjà prévu toutes les pauses à l’avance. Si vous sentez que vous vous raidissez, que vous avez soif, que votre attention baisse, faites une pause. Quand votre corps vous envoie des signaux, bien souvent, c’est que vous êtes déjà en train de taper dans les réserves. Il est préférable de souffler quelques minutes et de repartir plus alerte, plutôt que de se faire des frayeurs au prochain col parce que n’arrivez plus à prendre des virages proprement.

 Faire face aux imprévus  

Après cette brève incartade que je pourrais dédier à la sécurité routière, voici venu le moment de parler des bâtons qui peuvent se mettre en travers de votre chemin et venir ternir votre séjour, surtout si vous ne les avez pas anticipés. Et oui, même si votre road book est fondé sur le principe même de l’improvisation, il y a des choses auxquelles vous devez vous préparer.

Tout d’abord, il y a les régions, voire même les pays que vous allez traverser. Que ce soit en termes de culture ou tout simplement de réglementation en vigueur, pensez à vous renseigner en amont sur la signalisation, le type de circulation. Par exemple : Outre-manche on roule à gauche, en Suisse l’interfile est interdit. Ça peut paraître bête, mais ça l’est encore plus de se retrouver en face à face avec un poids lourd parce que vous avez oublié ou de recevoir une amende bien salée.

Ensuite, il y a aussi ce que vous aurez sûrement anticipé mais qui risque malgré tout de vous occasionner quelques désagréments : les intempéries ou plus largement la météo. Vous aurez beau avoir votre tenue de pluie, votre polaire, les bons pneumatiques, un violent orage de montagne n’est pas à prendre à la légère. Si vous sentez que les conditions ne sont plus en votre faveur pour rouler, mettez-vous en sécurité et arrêtez-vous le temps que ça passe. S’obstiner, c’est parfois prendre le risque de se mettre en danger sur des routes inondées ou pire. Idem pour la neige, il vaut mieux faire un détour que de rouler avec des pneus d’été dans un col enneigé. Eh oui ça peut arriver dans les Alpes au 15 Août. Pour ne pas vous faire surprendre : regardez la météo régulièrement, la topographie et ne prenez pas le risque de vous embarquer sur un itinéraire douteux.

Enfin, il y a les aléas sur lesquels vous ne pourrez peut-être pas faire grand-chose : un pneu crevé qui n’est pas réparable à la bombe anti-crevaison, une avarie sur votre moto. Plutôt que de fermer les yeux sur ce type de risque, vous pouvez anticiper au maximum en vous renseignant auprès de votre assurance sur votre couverture. Rien de plus frustrant que de payer une dépanneuse non agréée par son assureur alors que l’on aurait pu être couvert par exemple. Ayez aussi en tête le numéro d’urgence du pays dans lequel vous vous trouvez. Pour l’Europe, et cela fonctionne aussi en France, c’est le 112. Vous pouvez également télécharger l’application Liberty rider, qui a la super fonctionnalité d’alerter les secours en cas de chute, en plus d’avoir des roadbooks.

Mais en fait Elodie, tu es en train de nous dire qu’il faut tout planifier ?

Je suis plutôt une adepte de l’entre deux et je pense que c’est une question de juste équilibre. Je planifie mes road trips en amont pour pouvoir laisser plus de place à l’improvisation pendant. Tout d’abord parce qu’il y a un côté plaisant à définir un point d’arrivée dans la journée, mais d’improviser concernant la manière de s’y rendre. En choisissant de profiter de la route et de ses surprises, on vit encore plus intensément son voyage.

J’aime également me laisser la possibilité de redéfinir l’itinéraire au fur et à mesure selon la météo, la fatigue, les locaux qui recommandent une route plutôt qu’une autre. Car le road trip c’est surtout l’aventure et la découverte ! De soi, des autres, des paysages, de sa moto, …

Votre road trip s’organise ainsi selon la manière dont vous voulez le vivre. En guise de fil rouge, il vaut quand même mieux définir à l’avance les points d’intérêt sur votre trajet ou à proximité pour pouvoir organiser vos déplacements en conséquence. Et faciliter votre gestion de la fatigue.

Mais dans le fond, un road trip s’improvise ou s’organise donc à la lumière de votre connaissance de vous-même, de votre vécu sur le sujet et de vos préférences de voyage. Il n’y a pas recette miracle, il y a seulement une recette qui fonctionne bien pour vous et les projets que vous avez. Si pour les premiers, il est préférable de planifier au maximum votre voyage, pour les suivants, vous finirez sûrement par avoir le sentiment d’improviser. Et ce sera en partie grâce à votre expérience.

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