Il y a quelques semaines, je me suis rendue à l’Alpes Aventure Motofestival, l’AAMF pour les intimes, avec la dernière Transalp 750. Sur cet évènement, les marques présentes ont pour habitude de proposer des balades pour découvrir les magnifiques routes des alentours. C’est donc ainsi que je me suis retrouvée à prendre le départ d’une balade de 250 km, chapeautée par Honda, pour les propriétaires de Transalp. Et je pense avoir fait l’une de mes plus belles balades de l’année !
Café et tripy pour bien commencer la journée

Le rendez-vous est donné à 9h00 au village Honda, le même dont Olivier vous parle dans son article. Plusieurs participants sont là en train d’échanger autour du petit déjeuner. Le village prend vie et le staff Honda s’affaire autour des motos. Sur le parking, plusieurs générations de Transalp sont alignées à côté de la mienne et je me retrouve vite happée dans une discussion autour de la fiabilité de cette moto avec plusieurs passionnés. Seul un appel micro finira par avoir le dernier mot : c’est déjà l’heure du briefing. 250 kilomètres de routes de montagne nous attendent avec un passage coté frontière italienne.
On nous met à disposition un roadbook papier qui détaille l’ensemble de l’itinéraire avec des flèches directionnelles dans tous les sens et des cartes. J’y apprends que ce sont les mêmes indications que je vais avoir sur mon Trippy. N’étant pas certaine d’avoir bien compris ce mot, je me tourne vers Julien, interloquée : « un Trippy ? ». J’apprends donc que c’est une marque de roadbook GPS similaires à ceux utilisés en rallye-raid. Pour ce qui est des conditions de roulage, on nous annonce un grand soleil, uniquement de la route, avec parfois un bitume endommagé, mais pas d’off-road. Moi qui avais réussi l’exploit de ne pas faire tomber la moto la veille sur l’atelier avec David Frétigné, je me dis que ça s’annonce plutôt pas mal pour terminer de la même manière cette journée.
Le Transalp Trophy ?

Je finis rapidement mon café et tout le monde prend place sur sa moto pour le départ tous ensemble. Si les premiers kilomètres, le temps de s’éloigner du village, restent relativement calmes, les premières échappées commencent à se voir et de plus petits groupes se forme, dont un emmené par Adrien Van Beveren, multiple vainqueur de l’Enduropale et pilote Honda au Dakar, rien que ça.
Mais je me retrouve à suivre deux pilotes au palmarès inexistants, mais tout aussi fougueux : notre camarade Julien et Nicolas de chez Honda qui ouvre la trace. Le petit peloton est hétéroclyte, avec nos Transalp flambantes neuves et d’autres propriétaires sur celles des années 90, dont un charmant couple duo qui n’aura aucun mal à nous tenir la roue. La première demi-heure, je me laisse porter par le rythme, tout en prenant le temps d’admirer les paysages qui défilent. Nous passons très vite en Italie. Les panneaux changent, l’architecture aussi. Entre les forêts de pins, les points de vue, les villages pittoresques, j’ai envie de m’arrêter à chaque intersection.
Mais ça, c’était sans compter le binôme infernal, à savoir Julien et Nicolas, qui avait plutôt en tête de profiter des routes tortueuses pour faire un entrainement au Tourist Trophy. Il n’en fallait pas plus pour que mon esprit de compétition prenne le dessus et décide de tenter de les suivre. Comme leur rythme me laisse un peu moins de temps pour m’attarder sur le paysage, je me focalise sur le comportement de la moto. Je retrouve les bonnes sensations haut dans les tours et à mi-régime que j’avais eu avec la Hornet qui utilise le mème moteur. Elle a juste ce qu’il faut pour donner du plaisir, avec un petit côté sportif, sans pour autant être indomptable. En virage, sur les gros freinages, la moto reste là aussi rassurante et rigoureuse, même si la suspension arrière aurait sûrement mérité d’être un peu durcie avant de partir avec la précharge. Mais ce que j’apprécie le plus à ce moment-là, c’est cette impression de passer d’un virage à un autre en utilisant uniquement mon regard. Elle s’emmène sans forcer, tout en légèreté. On n’a jamais l’impression de lutter, même quand il s’agit de corriger une trajectoire.
Africa Twin vs Transalp A2, le duel !

Digne représentant d’A2Riders,Julien s’est retrouvé sur une Transalp bridée à 35kW, mais il était bien décidé à nous montrer qu’elle marche aussi très bien en A2. En tête tout le long avec Nicolas qui était sur une grosse Africa Twin 1100, il a su démontrer que sur des routes techniques, c’est le pilote qui fait réellement la différence. Même avec ma Transalp en full, je n’ai pas pu lutter. Moins expérimentée sur ce type de routes de montagne et donc moins armée aussi pour affronter toutes les situations, j’ai fait le choix de ne pas rouler « au-dessus de mes pompes », selon l’expression favorite de Julien et l’une des règles de base à moto qu’il rabache tout le temps.
J’ai donc commencé par me concentrer sur mon positionnement sur la moto, être mobile, bien placer mon regard de manière à ne pas me faire surprendre par une courbe qui se resserre. La base finalement, mais que l’on peut vite oublier en essayant de suivre à tout prix. Surtout qu’en montagne, avec le manque de visibilité, il faut être paré à de multiples rencontres, comme des animaux sur la route. Ce qui n’a pas manqué de nous arriver, puisque visiblement chiens de berger, moutons et vaches étaient en vadrouille ce jour-là. L’anticipation est donc clé, et encore plus sur des routes très étroites qui laissent à peine la place pour une voiture. Et vous n’avez pas envie d’aller faire un bisou au 4×4, jantes 22 pouces et pare-buffle qui arrive dans l’autre sens en profitant lui aussi des virages.


J’ai aussi porté mon attention sur les trajectoires de mes ouvreurs, en faisant l’effort de bien me placer à l’extérieur pour entrer dans le virage, utiliser au maximum la route disponible, avant de prendre le point de corde et non de couper pour gagner du temps. Enfin j’ai appliqué une astuce que l’on m’a apprise il y a deux ans pendant un road trip pour prendre les virages serrés. Celle-ci consiste à utiliser un filet de frein arrière pour assoir légèrement la moto en entrant dans une épingle. Super efficace et rassurant.
Au fur et à mesure des courbes, notre groupe s’est étiolé de plus en plus et j’ai été agréablement surprise par l’attitude des différents participants. Chacun semblait connaître ses limites et il n’y avait pas cette rivalité que l’on peut parfois trouver sur des balades en groupe. Le programme était par ailleurs suffisamment souple pour laisser le temps à chacun de rouler à son rythme, de s’arrêter faire des photos, et prendre le temps pendant les pauses. Suffisamment souple oui, mais c’était sans compter toutes nos pauses photos à nous. Partis en tête, nous nous sommes finalement retrouvés bons derniers lors de la pause-café, et nous avons dû sauter l’étape dégustation de fromage pour combler notre retard. Comme quoi, l’efficacité sur la route ne fait pas tout. On pourrait presque y voir ici un remake motard du lièvre et de la tortue.
On avait dit pas d’off-road !

Mais avant d’arriver au restaurant, il nous restait une bonne quarantaine de kilomètres. Optimiste, je me dis qu’on devrait vite y arriver facile. Vous l’avez vu arriver de loin ce « Oui, mais … » n’est-ce pas ? Vous vous souvenez du fameux : « bitume endommagé » du briefing ? Le Trippy, lui ne s’y est pas trompé. Alors que je l’avais complètement oublié, à force de suivre les garçons, il se met tout d’un coup à afficher ce simple mot « Revêtement ! ». Très épuré et simple par rapport à un GPS classique, le Trippy n’indique pas la route sous forme de carte mais avec des flèches directionnelles et quelques indications sur l’état de la route. Ou encore la proximité avec des points d’intérêt. Gérer un roadbook, une navigation fléchée, ce n’est pas du tout ce à quoi je suis habituée. Personnellement en road trip ou même au quotidien, mon GPS c’est une application sur le téléphone et je l’écoute dans l’intercom plus que je ne le regarde. Donc lorsque j’ai vu ce message s’afficher, j’ai ralenti prudemment.

En deux virages, mes trois camarades de route étaient déjà loin et le bitume avait bien changé ! Des trous, des graviers, des cailloux, des racines, suffisamment d’éléments pour que j’adapte ma conduite en conséquence. Même si ce n’était pas réellement de l’off road, je me suis sentie plus à l’aise à conduire debout. Sur la Transalp, c’est une position que je trouve agréable et naturelle. J’ai aussi mis en pratique le conseil de David Frétigné d’aligner les épaules avec le guidon de la moto pour tourner à basse vitesse sur les graviers. Et surtout j’y suis allé à mon rythme, sans pression, sans chercher à suivre mon groupe, bien plus à l’aise que moi. J’ai suivi sagement les indications de mon Trippy jusqu’à retrouver Nicolas à quelques kilomètres, puis Julien et Jonathan au village suivant. Tout ceci m’ayant bien ouvert l’appétit, il était grand temps de faire une vraie pause.
Coup de barre et état de grâce

Après cette matinée riche en émotions et en sensations, il est donc 15h, et nous arrivons au village d’Elva, plus que prêt à passer à table. Et là on s’est fait avoir comme des bleus. Après avoir englouti un plateau de charcuterie, nous voyons arriver des plateaux de ravioles, avec différentes saveurs, que nous prenons donc pour le plat. C’était mal connaître les Italiens et les antipastis. Parce qu’il y avait bel et bien un autre « vrai » plat après. Après avoir quand même fait honneur jusqu’au dessert à la gastronomie de nos hôtes, l’envie générale de fin de repas était – de manière très prévisible – plus à la sieste qu’à aller explorer des cols.
C’est donc sur un rythme plus calme que nous repartons en compagnie des vidéastes de cette balade pour capturer quelques superbes plans. Les virages s’enchaînent, et progressivement l’état quelque peu léthargique dans lequel m’avait plongé ma digestion s’estompe.
Au moment où nos chemins se séparent avec les vidéastes, notre petit groupe de 4 est de nouveau bien réveillé pour la suite du parcours. C’était reparti pour le match retour du début de journée, avec un duel au sommet dans les épingles entre Nicolas et Julien, et un Jonathan qui n’était pas en reste. Alors que le soleil commençait lentement sa descente derrière les montagnes, j’ai réalisé que j’étais en train de suivre le groupe sans forcer. A force de m’extasier sur les paysages, j’en avais presque oublié que j’étais sur une moto. Tout semblait fluide, simple. Je ne me posais plus de questions, je suivais la route tout simplement. Pas de fatigue à l’horizon. En même temps si après des road trips réalisés en Daytona j’avais critiqué le confort de la Transalp, vous auriez pu à juste titre me fustiger.

Pour autant, ce genre de balade reste éprouvant physiquement. Les routes sont techniques, la journée est longue et bien remplie. Il est vite arrivé de se faire peur, de se laisser surprendre avec un excès de confiance ou une baisse de vigilance. Surtout sur une moto que l’on ne connait que depuis 48h. Malgré cela, en appliquant les bons conseils, j’ai eu le sentiment de profiter des paysages et de me faire plaisir sur le pilotage, sans rencontrer de difficultés. Tant est si bien qu’en fin de journée, pendant que tout le monde se hâtait pour aller à ce fameux banquet de fin de journée, moi j’aurais bien fait quelques kilomètres supplémentaires.
À la fin de ce road trip, j’avais un grand sourire, des endorphines à foison et plein de souvenirs dans la tête. C’est pour ce genre de sentiment de liberté et pour vivre ces moments que je fais de la moto. De quoi nourrir d’autres envies d’aventures à l’avenir. Et pourquoi pas de repartir en Transalp d’ailleurs ?
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