Il y a peu, j’avais fait l’essai du scooter Honda ADV 350, croisement entre Forza et X-ADV. Il fallait donc tester son concurrent direct chez les scooters cross-over mid-size : le Kymco DTX 360. L’objectif de cet essai sera d’éviter les jeux de mots lourdingues sur la thématique du baroudeur, pour savoir ce que vaut ce scooter dans son vrai environnement : le quotidien urbain.
Kymco DTX 360 : je n’ai pas compris le 360

Parfois, le marketing se perd dans les affres de la logique. Ou peut-être que la logique s’est-elle perdue dans la traduction, « traduttore trattore ! ».
Le DTX 360, c’est le DownTown, nom du scooter vedette de Kymco, version X donc cross-over, prêt à partir hors route. 360, c’est pour sa capacité à naviguer à 360°, c’est-à-dire à prendre toutes les directions et tous les chemins. Un argument qui plait en ce moment du côté des services marketing, qui surfent sur l’engouement pour la moto évasion.
Mais ce DTX 360 n’est pas un 360 cm³. Non, c’est un 321 cm³ de 28 ch. D’ailleurs, le DTX existe aussi en 125 cm³ et garde l’appellation 360. C’est un peu déroutant pour nos esprits formatés à certains codes.
Kymco DTX 360 : la tendance SUV qui fait du bien

Contrairement à la voiture, où la mode du SUV a fait enfler les véhicules, les rendant aussi élégants qu’un Américain en jogging « sweat pants » qui fait ses courses, sur un scooter, l’apport des codes « off-road » font du bien.
Ce look « aventure », permet d’avoir un scooter d’allure dynamique, qui ne serait pas un renoncement à la rationalité absolu. Un peu de plaisir le matin en le regardant s’imaginant partir à la plage, plutôt qu’un scooter tristounet pour cadre moyen désabusé. On y retrouve même un faux-air de BMW C 400 X, imposant comme un vrai GT, avec ses 2 m de longueur et une belle signature LED pour un regard perçant. Voilà un scooter valorisant.
Mais c’est quoi les codes « cross-over, trail, ADV » ?

Un peu de plastique mate pour inspirer la solidité, des pare-mains pour protéger de la dense jungle urbaine faite de rétroviseurs en inter-files et surtout de la mousson hivernale parisienne. Un grand guidon pour la maniabilité et la position de conduite droite.
Et des pneus mixtes, forcément, pour ne jamais s’interdire de prendre la tangente par une piste en latérite comme il y en a tant dans les centre-villes et les banlieues françaises.
Ici, on retrouve du CST avec des crampons. Je vous rassure, c’est officiellement du 80% route 20% off-road et ils ne nuisent ni à la tenue de route, ni au feeling de conduite. Kymco sait, de toute façon, qu’au premier hiver, l’urbain va les changer pour une vraie paire pneu bien plus rassurante sous la pluie, comme du Michelin City Grip. Cela sera à contre-cœur, car ils contribuent bien à l’allure du scooter et à ce look « baroudeur » ! Et voilà, j’ai fauté, je suis retombé dans la métaphore grossière.
Dernier détail façon trail, Kymco a gardé l’idée de petite bulle basse, non réglable. À fond dans leur idée que l’aventure on la prend en plein dans la gueule, les ingénieurs à Taïpeï ont poussé la logique trop loin pour la réalité du climat hivernale européen. Ou alors ils avaient envie de vous faire rajouter 150 euros pour l’option pare-brise GT et pousser les journalistes comme moi à vous recommander de la prendre pour survivre.
Kymco DTX 360 : s’aventurer en ville

C’est décidément compliqué d’échapper aux métaphores. Tant pis, j’en rajoute une couche en comparant le DTX 360 à une panthère en ville. Je m’explique.
Kymco reste fidèle à ses habitudes en proposant un scooter avec un vrai bon comportement. C’est assez logique puisqu’il reprend le châssis et une grande partie des éléments du X.Town 300. La rationalisation de la production n’a pas poussé les ingénieurs à l’aventure et c’est tant mieux.
Le comportement est sain, le scooter ne se dandine pas dans tous les sens. Il est précis, réactif et se met facilement sur l’angle pour attaquer les virages. Le SUV a l’habitude de faire son footing tous les jours et s’avère donc sportif malgré ses 194 kg. Trop sportif même, avec des suspensions fermes qui sacrifient un peu de confort et sont sèches à l’arrière. Il faudra être plus cool en duo.
Le DTX 360 possède un freinage bien proportionné, surtout pour un usage urbain/peri-urbain, avec un bon feeling qui ne vous saute pas à la gueule si vous appuyez trop fort. Le frein arrière est bien présent, musclé comme je l’aime pour un scooter de ville, on peut donc l’utiliser à outrance. Il n’y a que l’ABS qui finira par vous demandez d’arrêter, la faute probablement au grip des pneus CST.
Kymco DTX 360 : pousser un rugissement

Parlons du moteur. 29,3 Nm de couple à 5 750 tr/min, la transmission fait bien son boulot et l’accélération est franche, avec un comportement progressif et volontaire jusqu’à 130 km/h. Il n’y a pas de temps de latence entre le moment où vous tournez la poignée et l’accélération, on finit même par bondir au feu vert pour ne pas se faire griller la priorité.
Au-delà de 130 ? La panthère va manquer de souffle et les 140 km/h seront dépassés plus timidement. Peu importe, car dans le monde moderne, on ne dépasse plus 130 km/h, même quand on prend une voie rapide pour aller travailler.
Le moteur est onctueux, agréable à vivre, on ne ressent pas de mauvaises vibrations, même à l’arrêt et son niveau sonore ne vous prendra pas la tête en fin de journée. C’est mieux pour rentrer détendu à la maison. Petit détail amusant, les claquements de l’échappement à la décélération.
Kymco DTX 360 : la vie en saharienne

Comme sur A2Riders.com on ne fait rien comme les autres, c’est maintenant que je vous parle de la vie à bord.
Le Kymco est un scooter accessible, avec une selle à 785 mm de hauteur et affinée au bout pour ne pas trop écarter les jambes et poser correctement le pied au sol. On monte dessus, la position est décontractée, le guidon se prend en main sans réfléchir et on démarre sans temps d’adaptation, comme un vrai bon scooter. La selle est accueillante bien qu’un peu ferme, mais l’on ne ressent pas de point gênant au niveau du postérieur, signe que la position générale est bonne.
Le DTX 360 n’est pas suréquipé, normal, il cherche à contenir les coûts, alors, il fait dans le malin. La planche de bord LCD mise sur la lisibilité. Encore une fois, à Taiwan ils n’y sont pas allés avec le dos de la main morte en proposant un écran immense, hyper éclairé. Si elle ressemble à un ordinateur pour personne du 3e âge, il sera impossible de la prendre en défaut quelle que soit la lumière et même si vous êtes bigleux.

Sauf qu’elle n’est pas connectée. Mais l’aventurier cherche justement la déconnexion, non ? En tout cas, il y a deux prises USB dans la boite à gants et sur le guidon, pour que vos aventures ne s’arrêtent pas avec la batterie vide de votre téléphone.
Passons au plus important sur un scooter : le coffre. Il est éclairé et possède un vérin pour ne pas se claquer la selle sur les doigts. Il est suffisamment grand pour mettre un intégral, un casque jet et une machette. Il y a aussi un vide-poche très profond, mais celui-ci ne se verrouille pas, comme sur beaucoup de scooters.
Le vrai plus, c’est le système Keyless de ce DTX 360. Vous pourrez ainsi définitivement laisser votre clé dans la poche. C’est un système différent de celui présent sur l’AK 550. Il a été revu et simplifié, finit donc les crises de nerf avec la molette.
La protection est bonne, en dehors de la bulle d’origine qui ne sert à rien. Le bas des jambes est un peu exposé, mais la majorité des utilisateurs de scooters lui ajouteront une jupe protectrice pour rouler par tous les temps.
Mon seul regret, c’est la qualité de finition de certains éléments qui font un peu trop« plastoque » et ne respirent pas la finesse. Je pense au cache de la prise USB sur le guidon, qui va mal finir avec le temps et au déflecteur thermique de l’échappement. Mais l’ensemble est bien assemblé et le DTX ne devrait pas se déliter à l’usage.
Kymco DTX 360 : baroudeur pour l’aventure off-road ?

Bingo des mots clés dans ce titre. Kymco nous a proposé un petit tour sur un terrain de trial pour une petite photo. Très réaliste, l’équipe n’a pas forcé la chose. Mais alors, le DTX est-il un ADV ?
Comme je le disais sur l’essai du Honda ADV 350 : un scooter, avec pleins de carénages plastiques et une petite garde au sol, n’a rien à faire en tout-terrain.
Toujours est-il que le DTX se défendra sur les chemins de terre qui mènent à la plage, ou à votre chantier. Les pneus CST accrochent et comme on peut déconnecter l’anti-patinage TCS, on finit par s’amuser à faire des dérapages. Debout sur la plate-forme, c’est un peu bizarre comme sensation pour grimper les pentes. Mais ça, c’est l’esprit du scooter cross-over en général.
Kymco DTX 360 : conclusion

Une fois passé outre la tentative du service marketing de vous faire passer pour un surfeur des villes en mal d’évasion, le Kymco révèle de vraies qualités. Efficace et pratique, prêt à partir à l’aventure en banlieue et sur l’autoroute. Il propose moins que le Honda ADV 350, qui se veut plus haut de gamme et c’est ce qui justifie l’écart de prix de 600 euros.
Ce DTX 360 offre une réelle alternative, avec un tarif intéressant pour ceux qui sont un peu courts sur leur budget, d’autant qu’il y a une garantie 5 ans et un réseau avec 291 partenaires. C’est surtout le Yamaha Xmax 300 qui peut commencer à se faire du souci.
Kymco dormait un peu depuis l’AK550 mais la marque venue de Taïwan a décidé de pousser fort en 2022, le DTX 360 n’est que la première phase d’un plan stratégique ambitieux qui continuera dès cet été avec le CV3, un trois-roue qui veut la peau du Piaggio MP3 500. Puis le Ionex, le premier pas des Taïwanais dans l’électrique.
Prix : à partir de 5 699 euros.
J’ai aimé :
- Facilité de prise en main
- Agilité
- Moteur agréable
- Le look
- La planche de bord énorme
J’ai moins aimé :
- Suspensions fermes
- La bulle d’origine
- Attention aux pneus CST sous la pluie
- Pas de connectivité via une app.
Equipements de Julien (1,82 m – 80 kg)
- Casque : HJC I30
- Blouson : Spidi Metromover
- Gants : Vanucci VAG1
- Chaussures : Vans SK8-HI MTE 2
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