Moto Hiver - A2Riders.com
    Tuto
    6

    L’art du pilotage – Guide de survie du A2 en hiver

    Ce joli petit flocon qui tombe au moment ou vous enfilez votre tenue. A peine le temps de sortir la bécane et voilà la route toute blanche. C’est poétique et beau l’hiver. Sauf si vous étiez tranquillement en train de rouler et que la tempête s’est abattue sur vous. Là, c’est la m**rde vous vous dites. Mais non ! Restez calme.

    Honda CBR500R
    Photos ©A2Riders / J. Muntzer avec Honda

    L’hiver en moto tout est plus stressant, plus fatiguant, plus compliqué. On perd en mobilité, on a moins de feeling dans les commandes avec les gants, les routes sont piégeuses avec la pluie, la neige, le verglas, la nuit, ou tout ça en même temps.
    Pourtant, l’hiver c’est aussi l’occasion de faire des balades inoubliables avec des paysages et une lumière unique. Il y a juste quelques règles de bases à observer pour survivre jusqu’au printemps et prendre du plaisir.  

    Le premier conseil c’est de bien se couvrir comme nous l’avons vu dans le premier chapitre du guide survie en hiver.

    Dans ce deuxième chapitre, nous reprendrons les bases pour rouler à la mauvaise saison. Vous ne deviendrez pas un pro du Ice Speedway mais vous allez affiner vos talents de pilote. 

    Voir et être vu : soyez flashy !

    A2Riders.com
    Photos ©A2Riders / J. Muntzer

    L’hiver, le motard à un talent certain pour le camouflage. Les motos sont plus difficilement repérés par les voitures. Il faut donc aider les autres usagers de la route à mieux vous percevoir. Un peu de fluo sur les vêtements plutôt que du noir, et tant pis pour le look de biker endurci. Vérifiez aussi la présence de bandes réfléchissantes.

    Ensuite, assurez-vous que vos feux de route fonctionnent correctement pour bien être visible, surtout que les journées sont courtes et que vous risquez de rouler de nuit au bout d’un moment. Si vous disposez de feux de brouillard ou longue portée, c’est encore mieux, tant que vous n’aveuglez pas ceux qui arrivent en face.

    Enfin, voir c’est une question d’écran. Vous avez remarqué ? Sur la photo j’ai un écran noir. Il m’a posé énormément de problèmes pour rouler car la faible luminosité m’a plongé dans l’obscurité sous mon casque. Et c’était carrément dangereux à 16h, quand il faisait déjà nuit. Il faut donc garder un écran clair. N’oubliez pas aussi de fixer un pinlock, ce petit écran interne qui vient se coller pour empêcher la buée de se former.

    Au final, mon collègue avait tout bon et j’avais tout faux !

    Comprendre son environnement et lire la route

    Honda CBR500R en Ecosse
    Photos ©A2Riders / J. Muntzer

    Une journée d’hiver est très courte et les conditions atmosphériques évoluent très vite. Avant de partir, prenez soin de consulter la météo sur votre parcours pour éviter les mauvaises surprises. D’ailleurs, toutes les heures de la journée ne se valent pas. La température a tendance à baisser au levé du jour et à la tombée de la nuit. Vous pouvez donc rouler tôt le matin ou tard le soir pour ne pas subir ce « coup de froid ». D’autant que la nuit, avec vos éclairages vous serez plus visibles.

    L’anticipation est importante en hiver car les intempéries favorisent les pièges sur la chaussée. À vous de bien interpréter la route pour mieux y échapper. Regardez au loin pour bien analyser la situation en amont. 

    N’oubliez pas : si c’est brillant, c’est glissant ! Identifiez les zones humides et les plaques de verglas. Généralement, elles sont plus sombres et brillantes. Si vous avez un doute, observez autour de vous : zones à l’ombre, passage dans un sous-bois, sortie de tunnel, passages venteux, tous ces éléments favorisent la formation de zones humides et froides donc glissantes. En cas de doute, vous pouvez laisser trainer le bout du pied pour tâter la chaussée et inspecter le grip.

    Personnellement, j’ai failli faire mon premier high side en Kawasaki Z900, trop concentré à suivre les plus rapides, j’en ai oublié de ralentir dans un passage en forêt, la sanction a été immédiate et j’ai eu très chaud. Mais je ne recommande pas cette astuce pour lutter contre le froid.

    Faites attention aux petits pièges : les plaques d’égout, les bandes blanches et les raccords de bitume sont à éviter car toujours glissant. Les vieux bitumes sont moins abrasifs donc moins adhérents.

    Mettez-vous au milieu de la voie pour être prêt à réagir à toute éventualité. D’autant que c’est généralement l’endroit le plus sec de la route. Dans les rond points, l’eau et les dépôts de gasoil s’accumulent à l’extérieur, donc mieux vaut privilégier l’intérieur. En ville, faites simple car tout glisse.

    Changer son style de conduite

    Honda CBR500R en Ecosse
    Photos ©A2Riders / J. Muntzer avec Honda

    Grasses, mouillées, gelées, glissantes, les routes sont différentes l’hiver et offrent de toute façon moins d’adhérence il faut donc vous adapter. Sur sol mouillé, l’adhérence est réduite de moitié. Sur la neige, vous divisez encore par 2. Quant au verglas, il faut considérer qu’il n’ y a quasiment pas d’adhérence

    L’ABS et l’anti-patinage ne peuvent pas tout faire, aidez-les. Adoptez un style plus coulé, plus progressif. Chacun de vos gestes : accélération, embrayage, freinage, doit être un exercice de délicatesse. Imaginez que vous transportez votre grand-mère qui dort derrière et qu’il ne faut pas la réveiller. 

    Roulez plus lentement et soyez un peu plus patient afin de gagner du temps pour analyser et réagir face à une situation. C’est important d’avoir une plus grande marge de sécurité quand on a un seul neurone de motard et qu’il est gelé.

    Dans les virages, prenez moins d’angle pour pouvoir mieux anticiper l’imprévu. Utilisez votre corps plutôt que le contre-braquage pour tourner afin de mieux répartir les masses et de bien faire travailler la moto, tout en progressivité.

    Pas la peine de se crisper, vous n’allez pas finir au tas, au contraire soyez encore plus détendu.

    La même, mais différente

    Le froid change aussi le comportement de votre monture. Les liquides sont très froids au départ et votre moto ne fonctionnera donc pas correctement. La suspension, qui contient du liquide dans la fourche, sera dure et réagira mal, le moteur va prendre du temps pour atteindre la bonne température, les pneus ne vont pas trouver l’adhérence tout de suite.

    Prenez plus de temps sur les premiers kilomètres pour que la moto atteigne une température de fonctionnement correcte et dites-vous par la suite, qu’elle n’aura pas les mêmes performances qu’en été.

    Pour ceux qui peuvent régler leurs suspensions, vous pouvez les assouplir pour laisser la moto travailler plus progressivement, elle sera plus douce dans ses réactions. 

    Les pneus ont froid

    A2Riders.com
    Photos ©A2Riders / J. Muntzer

    N’oubliez pas les pneus chauffent moins vite. Beaucoup de pneus sont optimisés pour travailler au dessus de 7°c. Certains pneus hiver ou toute-saison (marqués M+S) ont un mélange de gomme différent, plus élastique, pour bien travailler en dessous de cette température. Ils offrent une meilleure adhérence et possèdent des sculptures plus performantes pour évacuer l’eau : Metzeler Roadtec, Michelin Rad 5, Pirelli Angels GT, Dunlop Mutant, Bridgestone Battlax, Continental TK, etc.

    Il faut aussi contrôler plus souvent la pression des pneus car elle varie avec les écarts de température. Un pneu sous-gonflé va s’user plus vite et ne proposera pas plus d’adhérence sur le mouillé. À l’inverse, un pneu avec un peu plus de pression va mieux travailler avec ses sculptures plus ouvertes pour évacuer l’eau. Mais on reviendra là-dessus dans le prochain chapitre du guide de survie. 

    Je fais quoi s’il neige ?

    A2Riders.com
    (c) S.Caban

    Pas de panique, conduire sur de la neige fraîchement tombée sur la route, c’est comme conduire sous la pluie. Appliquez les consignes précédentes et tout ira bien. L’exercice sera plus compliqué dans les cas qui vont suivre.

    Cas particulier n°1 : neige tassée 

    Quand la neige commence à devenir plus compacte, elle devient plus glissante. Il faut donc encore accentuer votre douceur, ralentir et aller chercher l’adhérence dans les traces des voitures. 

    Cas particulier n°2 : le verglas

    Si vous êtes sur du verglas (ou de la neige durcie), vous êtes déjà mal embarqué car le meilleur conseil c’est de l’éviter. C’est une petite plaque blanchâtre, ou une tâche un peu brillante, voir une zone sombre. Le verglas ne ressemble jamais à ce que l’on attend.

    Si vous y êtes malgré tout : roulez le plus lentement possible, tenez vous droit et sortez les jambes pour des petits appuis et pour vous sécuriser. Jouez de l’embrayage plutôt que de la poignée de gaz. Et faites attention au traction control, il peut être un peu traitre en retrouvant l’adhérence. 

    Cas particulier n°3 : le salage de la route

    Faites attention au sel sur la route. Si neige et verglas ont fondu, il reste des pièges. Ne négligez pas les flaques d’eau et les zones qui peuvent rester verglacées. Le sel rend la chaussée glissante et favorise l’accumulation des détritus. Combien de fois je me suis déconcentré et j’ai failli finir au tas, juste devant la maison.

    Arrêtez-vous si besoin

    A2Riders.com
    (c) S. Caban

    Quand c’est trop ? c’est trop ! Si la situation semble vous déborder, arrêtez-vous dans un endroit en sécurité et attendez que la tempête passe. Profitez-en pour vous réchauffer, reprendre de l’énergie en mangeant un bout et pensez à bien vous rhabiller pour affronter à nouveau le froid. 

    Et si je tombe en panne ? 

    Vous pouvez tenter de prévoir l’imprévu avec un petit kit de survie dans votre sac à dos en cas de panne : de quoi voir et être vue avec une lampe frontale, de quoi rester au chaud avec des chaussettes sèches et une couverture de survie, de quoi nettoyer les saletés qui peuvent gêner la moto avec un chiffon, quelque chose à grignoter pour reprendre des forces, de l’eau car avec le froid on ne ressent pas la déshydratation. Les plus bricoleurs peuvent avoir un petit kit-outil aussi. 

    A2Riders.com
    (c) E. Michael

    Au final, rouler l’hiver peut aussi procurer du plaisir. On est moins sur la performance et plus sur le défi rustique. La sensation que procure la maitrise de la machine et la capacité à anticiper les conditions, c’est une grande satisfaction. L’hiver c’est parfait pour apprendre à gérer l’adhérence, la traction, affiner son freinage, travailler sa position sur la moto et le transfert des masses et mieux se mettre en sécurité sur la route. Si tout va bien et que vous avez allumé le cerveau, à la sortie de l’hiver, vous serez un meilleur motard. 

    Vous voilà prêt à partir. Rendez-vous pour le dernier chapitre du guide de survie du A2 l’hiver : savoir ménager sa monture. 


    Et si vous avez des astuces de pilotage, n’hésitez pas à les partager en commentaire !

    6 thoughts on “L’art du pilotage – Guide de survie du A2 en hiver

    1. Tiens donc, le Rookie Biker Boy dans sa grande candeur a encore frappé.
      Il est tel Jon Snow ayant quitté lâchement Winterfell pour la Garde de Nuit afin de soigneusement préparer ses troupes novices pour le combat contre Viserion, le dragon de glace ressuscité, et les Marcheurs Blancs dans les affres du récurrent Winter Is Coming !

    2. Seras-tu donc le digne porte-parole des A2 Riders durant l’hivernale des Millevaches où auras-tu gelé sur le periph’ avant d’arriver à destination ? En attendant, de très bons conseils, merci pour cet article ! Plus qu’à aller affronter l’hiver pyrénéen maintenant

    Laisser un commentaire

    %d blogueurs aiment cette page :