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Ducati Monster - A2Riders.com
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Nouvelle Ducati Monster : est-elle devenue trop facile ?

Dans la première partie de ce double papier consacré à la Ducati Monster, nous avons vu qu’entre tradition et modernité, Ducati a donc choisi la modernité. Ce choix va t-il condamner la nouvelle Monster à vivre dans l’ombre de ses prédécesseurs ? Pour le savoir, il fallait au moins un petit road trip en Bourgogne. Seulement voilà, je crois que je n’ai pas pris la bonne moto.

Si vous n’avez pas lu la première partie où nous parlions des anciens Monster et de leur caractère, vous pouvez cliquer ici. Pour les autres on part en balade !

Retrouvez la fiche technique de la Ducati Monster sur A2 Riders

Ducati Monster (des villes)

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Il y a eu d’abord la ville. Sortir de Paris un vendredi à 17h en plein départ pour les vacances, c’était une idée de génie. Me voilà entrain naviguer dans les embouteillages pendant un long moment. Ce qui permet de révéler le premier aspect de son caractère : une moto facile à vivre. D’abord grâce à une ergonomie plus naturelle que les anciennes générations qui avaient une position vers l’avant, en appui sur des bras bien écartés. En 2021, le guidon est plus proche du buste et moins large, il vous fait adopter une position plus relevée, avec le dos presque droit, ce qui soulage tout de suite les bras et les épaules.


Ensuite, et c’est ce qui en fait une moto accessible à tous, c’est la finesse du châssis, avec un cadre en alu aussi large qu’un Macbook air. Une fois en selle, il est facile de caler la moto entre ses jambes et de bien serrer le réservoir échancré, tout comme la selle. On peut ainsi bien poser les pieds au sol malgré une hauteur de selle de 820mm.

Une moto compacte et légère, voilà qui va plaire aux A2 les moins à l’aise après le permis. Sur la balance, les 188 kg (tous pleins faits) en font un poids plume comparé à la concurrence comme la BMW F900R à 210 kg ou les 202 kg de la Honda CB 650 R. La seule à rivaliser c’est l’Aprilia Tuono 660 qui ne fait que 183kg.

Sous le casque je commence à monter en température avec la cohue du trafic saturé. Bien aidé aussi par le bicylindre Testastretta qui, comme les anciens moteurs Ducati, aime faire cuire son pilote. 

Pourtant ce moteur va aussi me permettre de garder la tête froide. Je découvre que le bloc de 937cm3 fait preuve de plus de tolérance que moi dans cette épreuve. S’il est un peu rugueux à bas régime, ce n’est rien en comparaison des anciennes. Il est suffisamment souple pour rendre la moto facile. Le bridage A2 via l’électronique déplace la plage d’utilisation un peu plus vers le bas, le Monster A2 gagne ainsi en souplesse et je peux descendre sous les 3000tr/min même en 4e sans soucis, un petit plus comparé à la full.  Ajoutez à cela le ride by wire qui rend la poignée de gaz douce et précise à gérer et vous obtenez un gentil monstre docile en ville. Et sur le mode de conduite urban, il ne manque que les petites roues à l’arrière …

Ducati Monster (des champs)

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Sorti de mon enfer urbain, je rejoins mes compagnons de route aux alentours de Fontainebleau. Invité par une amie à rejoindre la petite troupe, je ne connais personne et je découvre le réel engouement pour les trails : trois BMW GS, une Triumph Tiger 900, une Triumph Speed twin 1200 et heureusement une petite Ducati Scrambler 800. Devant cette jolie bande de dandy riders, je me sens un peu comme un intrus avec mon casque Shark Spartan carbon, ma veste fluo et mon roadster.

Nous partons. D’abord il y a les interminables lignes droites de la forêt qui ne servent à rien pour vous parler de la Ducati, et voilà enfin le Gâtinais qui s’ouvre à nous.  Le rythme est à la cool, mes camarades sont là pour décompresser de leur semaine de boulot et profiter du paysage. Le Gâtinais, c’est chiant. C’est plat, c’est monotone. Mais en cette fin de journée la lumière transfigure le paysage. Le ciel est gris mais expressif, percé de-ci de-là par le soleil. Pour contrebalancer, les blés ont adopté les tons jaunes de l’été. 

À ma grande surprise, la cohorte s’arrête en plein milieu de la route : «  On a perdu quelqu’un ? t’as crevé ? » dis-je en gueulant sur l’ouvreur, « On n’est pas bien là ? C’est pas beau ça ? » me rétorque-t-il aux anges. Je découvre le petit groupe émerveillé par les champs de tournesols, tout le monde bondit sur ses appareils photos, on dirait des gosses. Tel un intello sceptique, je m’amuse de la situation. Voilà les Parisiens en plein exutoire photographique de leur frustration citadine. La moto pour eux comme pour moi c’est l’évasion et le retour à la nature.

Nous repartons, toujours tranquillement. Le Monster ne bronche pas, le moteur se fait discret, la moto roule toute seul. Avec le shifter de série, les vitesses se passent dans une douceur incroyable, même à allure modérée. Je n’ai rien à faire quasiment et l’ennui me guète. Je finis par mettre de la musique dans les oreilles. Ambiance Marvin Gaye jusqu’à notre petit paradis agricole. Accueilli par les vaches laitières et une bouteille de Ratafia à la pomme, le repas tardif va me permettre de faire connaissance avec mes camarades du weekend. Les profils sont variés, la moto confirme qu’elle est un melting pot efficace. Je découvre aussi que certains de ces ladies and gentlemen riders sont des membres du PCR. Non pas le test covid, mais le Paris Classic Riders dont nous reparlerons très vite sur ce site.

Ducati Monster (joueur)

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Le lendemain, c’est un local qui ouvre la route avec une KTM 1290 super adventure S. Décidément, les trails sont partout ! A mon plus grand bonheur, le bonhomme qui est d’une grande douceur quand on discute avec lui, révèle un bon coup de guidon et fait augmenter le rythme. Parfait pour réveiller le monstre !
Un coup de gaz et la moto monte dans les tours. Le moteur est prompt à réagir mais sans violence et passé les 5000 tr/min il découvre une personnalité plus nerveuse, avec un bruit de boite à air très jouissif qui pousse un peu plus au crime.  Même bridé, le Testastretta donne de lui, on atteint les limites légales sans trop forcer. Le moteur est complet avec une grande plage d’utilisation qui le rend toujours disponible. Le bridage électronique se fait discret, il adoucit le caractère impétueux de la petite Ducati et il intervient aux alentours des 8 500 tr/min. Heureusement, vous aurez profité pleinement de la moto entre temps.

Nous rejoignons un domaine viticole en fin de matinée. Une petite pause culturelle pour fuir la chaleur moite dans une cave où vieillit le vin. Le groupe reste raisonnable, ne faisant que tremper les lèvres dans un verre de rouge. Suffisant pour que les valises des trails se remplissent de bouteilles.

Après le déjeuner, même lesté par mon énorme côte de boeuf, je reste sur mon impression de légèreté au guidon de la Ducati. Les virages se succèdent et avec son empattement court la moto est vive et adore les enchainements. Bien équilibrée, on n’hésite pas à la mettre sur l’angle dans n’importe quelle situation. Il Monstro nuovo se veut toujours rassurant, à l’image de son freinage précis et jamais trop agressif. Le tout est bien aidé par l’électronique embarquée comme la centrale inertielle permet de bénéficier d’un ABS actif en virage. Un excellent allié pour rattraper les errements d’un débutant un peu trop optimiste et mes trajectoires encore approximatives.

D’une manière générale, la Ducati est une moto d’une facilitée déconcertante. Le châssis, qui hérite de beaucoup d’éléments de la Panigale V2, est sain et rigide, la moto se place bien dans les virages sans bouger dans tous les sens. Les suspensions sont rigoureuses malgré une volonté d’assurer un minimum de confort. L’arrière tabasse un peu sur les petites bosses et l’avant est un peu surprenant lorsque l’on est à l’attaque, la fourche Kayaba donne la sensation de flotter un peu sans pour autant compromettre la tenu de route.

Les autres finissent par nous rattraper, un peu chafouins de nous avoir vu prendre la poudre d’escampette pendant la balade digestive, le retour à la ferme sera plus doux. Le soir les amitiés s’affirment et les blagues fusent autour du boeuf carottes. Quelques verres de gnôle pour achever les conversations et nous voilà dimanche.

Ducati Monster (aseptisé ?)

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Pour ce dernier jour, je ressens les courbatures et le rythme de sénateur ne m’aide pas à me sentir confortable. Me voilà en train de me dégourdir en m’amusant à travailler mes positions alors que l’on roule tranquillement. Je sors le coude puis le genou. Derrière, mes compagnons me regardent amusés par le spectacle ridicule que je leur offre. « C’est pas ma faute, c’est la moto qui veut ça ! », dois-je m’expliquer un peu honteux. Mais c’est vrai, son gabarit compact et son côté joueur c’est parfait pour les A2 qui doivent apprendre à bouger leur cul sur une moto ! Je suis vite rappelé à l’ordre lorsque je manque de perdre l’arrière dans un virage anodin. Les gravillons sont un fléau omniprésent et traitre, surtout sur ces routes.

Une petite pause photo dans un village. Mes camarades me proposent de faire des clichés du Monster. Je décide de me lancer dans un petit show de cross bitume. Je mets gaz à bloc en première pour lever la roue avant mais rien ne se passe. Je rougis sous mon casque, je n’avais pas enlevé l’anti wheeling. Malin. Je recommence et cette fois ça marche, l’action est énorme, la roue se lève … 20 centimètres au moins ! Deux-trois cirages d’embrayage plus tard, je finis par abandonner l’idée et je prétexte que c’est le bridage qui m’empêche de vivre mon art. Ce qui est faux.

Le reste de la journée me permet de jouer avec l’ordinateur de bord et les différents modes de conduite. Même si je dois attendre d’être à l’arrêt pour naviguer dans des menus un peu trop compliqués à mon gout. Je me retrouve à affiner mes niveaux d’anti-wheeling, de traction control, de cornering ABS, de réponse à la poignet, de frein moteur, de… Ah tiens il y a un launch control !La moto possède un équipement complet qui vient justifier son tarif élevé. Mais si je dois lui faire des reproches liés à son prix, c’est le manque de soin sur certains détails comme le vulgaire autocollant Monster sur le réservoir ou surtout l’absence de réglages pour les suspensions, si ce n’est pour la pré-contrainte à l’arrière. 

Nous passons Troyes et ses grandes plaines. Le Monster est ennuyeux à vitesse normale, trop calme, trop neutre. Il faut passer les mi-régimes pour faire renaitre l’atmosphère Ducati du moteur Testastretta. Alors, je cherche à me réveiller avec une dernière grosse accélération sur une interminable ligne droite. Deux camarades se joignent à moi, trop heureux de ce moment régressif et l’on dépasse le groupe à toute berzingue. La réprimande au croisement suivant va vite calmer les ardeurs naissantes.

Conclusion : le plaisir de débuter en Ducati

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Fin de weekend, nos chemins se séparent avec quelques bouteilles dans les valises et surtout des amitiés nouées. Je profite des derniers kilomètres pour tirer un bilan. Ce Monster est-il trop pragmatique et consensuel ? Si avec cette génération la moto est devenue facile à vivre et rassurante, elle n’est pas dénuée de charme. Son caractère joueur et l’efficacité de son châssis raviront les motards plus expérimentés qui iront la pousser dans ses retranchements. De mon côté pour ce weekend décompression, il m’aurait plutôt fallu une Royal Enfield Bullett 500 car ce Monster est trop bien armé pour des balades tranquilles.

Enfin peut-on débuter avec ce Monster ? Oui, si vous en avez les moyens, c’est une excellente moto pour débuter, polyvalente, avec la petite touche Ducati en plus. Sachant que sa concurrente la plus sérieuse me semble être une autre italienne qui aime la petite arsouille : l’Aprilia Tuono 660.

Retrouvez la fiche technique de la Ducati Monster sur A2 Riders

Alors vous choisiriez laquelle pour débuter ? A votre tour de donner votre avis sur ce Monster en commentaire, et n’hésitez pas me suivre sur Facebook et Instagram pour échanger !

13 thoughts on “Nouvelle Ducati Monster : est-elle devenue trop facile ?

  1. Ducatiste depuis 1980 , je vais essayer d’être objectif.
    Je l’ai essayé ( contrairement à d’autres…) , Je reconnais la moto dans ton essai mais je suis surpris que tu ne parles pas d’un gros défaut que j’ai trouvé ( c’est peut-être ma position de conduite ?) Mais j’ai trouvé que le cilyndre arrière chauffé ma cuisse droite….une horreur !

    1. Bonjour, Michel et merci pour ton retour qui vient compléter. Effectivement, ça chauffe grave ! C’est surtout gênant au feu rouge en ville j’ai trouvé. Et je reconnais qu’en écartant mes grandes jambes j’ai soulagé le problème, ce qui est moins aisé pour les gabarits plus petits . Et puis un moteur Ducati qui te cuit le fessier, c’est le respect de la tradition non ? 😂

      1. Possesseur d’un 1100 Multistrada S , je n’ai pas ce problème…(SS,st2,1000 Multistrada)

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